Horst, Jorn Lier
Policier & Thriller
Gallimard , Série Noire, 2018, 480 pages, 21 €
🙂 🙂 Cold case norvégien - critique complète
Il est beaucoup question de cynophilie, dans ce polar norvégien. D’un côté, les chiens de garde, les journalistes. Car oui, c’est bien le rôle de la presse « de critiquer la classe politique, les hommes de pouvoir et les organismes publics ». Dénoncer les scandales et magouilles. Mais cette fois, c’est William Wisting qui morfle, pour l’affaire Cecilia Linde, qui a eu lieu dix-sept auparavant. Une jeune joggeuse avait été kidnappée, puis retrouvée morte. Wisting était alors jeune policier en charge de l’enquête. Le meurtrier avait été arrêté et mis en prison. A présent libéré, Rudolf Haglund clame par avocat interposé son innocence. Quelqu’un parmi la police aurait falsifié des preuves, afin de le confondre.
Comment une telle chose a-t-elle pu arriver ? C’est, hélas, plausible, réalise Wisting. Les policiers peuvent se forger leur propre opinion dès les premières preuves. Retrouver un meurtrier, un kidnappeur est une question d’heures…Comptez la pression de la hiérarchie et de l’opinion publique… Les enquêteurs peuvent très bien mettre des œillères pour ne poursuivre que les indices qui vont dans la direction esquissée, les transformant en chiens de chasse traquant le gibier, sourds à toute autre injonction
Wisting est directement et publiquement mis en cause, puis mis à pied. D’abord déstabilisé, il décide de replonger dans les archives, afin de revoir l’affaire sous un angle neuf. Par qui et pourquoi avoir orienté l’affaire…? Il n’aura pas de trop avec l’aide de sa fille, Line, journaliste spécialisée en affaires criminelles. D’autant qu’une autre jeune fille est portée disparue…
Après « Fermé pour l’hiver » (2017), Jørn Lier Horst, lui-même ancien policier, nous livre le deuxième volume traduit en français (et huitième du nom) de la série Willian Wistling. Un père policier tranquille et sa fille journaliste audacieuse…Chacun contribue à un récit agréable par son tempérament, son intelligence, ses faiblesses, aussi. Un beau duo d’enquêteurs, qui fonctionne. Horst happe rapidement le lecteur, qui se doit de rester attentif aux nombreux faits et indices relatifs aux différentes enquêtes, celle du passé, et les contemporaines. Tout est évoqué minutieusement, répété parfois inutilement (le parallèle avec les chiens de chasse, évoqués notamment via la constellation du même nom, qui n’apporte rien) mettant parfois à mal notre impatience. Une certaine maladresse peut faire craindre de dévoiler trop vite le responsable. L’intérêt du livre reste, heureusement, intact. Il a d’ailleurs été reçu le prix du Meilleur polar scandinave.