1978. Gutleb, un professeur de musique émérite meurt dans un attentat à la bombe en Bavière.
Le commissaire divisionnaire Kolnik et son fidèle assistant Heller mènent l’enquête et découvrent rapidement que cet homme, aux méthodes d’enseignement peu orthodoxes mais malgré tout respecté, sans aucun doute par la peur qu’il inspirait, était un ancien nazi.
Une missive de la Fraction armée rouge, qui revendique l’attentat, met rapidement fin à ce début d’enquête dont Kolnik semble se satisfaire. Très vite d’ailleurs, il annonce prendre quelques jours de vacances et en profiter pour aller voir un match de foot à Prague, ce qu’il exècre. Mais, quelle mouche l’a donc piquée ? Pourquoi laisse-t-il les commandes à son adjoint, lui, si « spépieux » en toutes circonstances !
Qu’à cela ne tienne, même si l’enquête est close, Heller compte bien la mener officieusement et c’est en compagnie de cette charmante artiste rebelle et écervelée qu’est Charlotte Kolnik, la fille de son supérieur, qu’il va tenter de mettre à jour la vérité.
Deux hommes que tout oppose…
Kolnik est un ours mal léché, plus en prise dans ses réflexions et lectures que dans ses actions et dont les perpétuelles déambulations laissent tant le lecteur que ses collaborateurs perplexes.
Ancien résistant sous le IIIème Reich, il en avait introduit des dossiers pour dénoncer d’anciens nazis, dégoter bon nombre de fuyards d’après-guerre et démanteler des trafics de faux passeports.
Un fin limier se jouant des procédures et n’hésitant pas à mettre son adjoint à l’épreuve des devinettes. Si vous devinez ce qui se trouve dans la cave, je vous donne un bon point. P.35
Heller, c’est autre chose : beaucoup plus jeune, philosophe dans l’âme. Tout comme son supérieur, lui aussi est passionné de lecture mais de celle dont on apprend. Fils de nazi lui-même, c’est la compréhension de ce qui peut amener les hommes à basculer dans la noirceur qui l’anime. Il cherchait à comprendre la sociologie et la méthodologie du crime – la lettre de revendication qu’avait apportée le gardien avait fait ressurgir en lui toutes ces interrogations. P. 47
Comment le père de Heller avait-il pu croire faire avancer le monde en concourant à sa destruction ? Il avait tué des êtres humains et, entre-temps, conçu un enfant…un enfant qui comptait moins pour lui que ses croyances étranges. P.49
Bombe…
Plus qu’une simple histoire, ce premier roman est une pépitetirée d’un fait réel, que nous donne à découvrir Ulrich Effenhauser. Une plongée dans l’Histoire de la Grande guerre et des scènes de violences pures dont les nazis étaient friands, une immersion dans l’espionnage d’après-guerre où nombres de criminels de guerre se sont réfugiés ou ont été recrutés, permettant de vivre finalement tout à fait normalement, protégés par de bonnes couvertures politiques où les actes intolérables sont passés sous silence.
Une lecture enivrante, accaparante, troublante et l’envie de tourner les pages toujours plus vite autant que de faire des arrêts sur image indispensables sur les faits tout au long de ce voyage dans le temps entreAllemagne, Tchécoslovaquie et Italie.