Le loup blanc et le diable

Lanza, Christian; préface de Mona Chollet
Policier & Thriller
Lausanne : Favre, 2022, 382 pages, 23 €

🙂 🙂 🙂 David contre Goliath

1961, Jérôme Achard, jeune ado quelque peu espiègle et peu réceptif à toute forme d’autorité, est envoyé au séminaire Saint-Paul, non loin de chez lui afin de lui apporter une éducation catholique lui permettant de se remettre sur le droit chemin.
Alors qu’un crime atroce est commis sur l’un de ses professeurs lors du camp annuel, personne, ni des élèves ni des prêtres enseignants, n’envisage que d’autres assassinats suivront et amèneront une enquête difficile.
50 ans plus tard, toujours empreints de ces évènements traumatiques dans leur vie d’adolescents, Jérôme et ses amis de l’époque sont amenés à se réunir dans le chalet suisse de l’un d’eux pour tenter d’y apporter quelques réponses.

Amère expérience

Comme si bien résumé dans la préface de son ancienne élève, Mona Chollet : Ce livre n’est pas seulement un polar efficace : c’est aussi une savoureuse autobiographie déguisée et une profession de foi. P.6
Et, en effet, Christian Lanza dévoile au lecteur sa descente aux enfers avec ses compagnons d’infortune alors qu’il n’était simplement qu’un jeune un peu turbulent mais surtout insouciant dans ses jeux d’enfant des années 50.
Son entrée au séminaire pour rectifier son comportement lui aura, certes, amené une excellente formation avec de nombreuses références littéraires, bibliques, historiques, latines et philosophiques ainsi que des valeurs essentielles telles que l’amitié, la solidarité, le travail, le combat contre l’injustice, mais l’aura également confronté à la noirceur de ce que peut représenter l’être humain avec ce qu’il a de plus vil : la manipulation et le pouvoir des adultes sur les enfants (Abuseur ? Sans aucun doute, et doublé d’une belle ordure, commettant le pire en prêchant le bien, à la fois violeur et confesseur P.273), la perversion (Il restait planté sur le seuil de la grande salle commune des douches, le regard oblique tourné vers nos parties intimes, et nous étions tous gênés, sans pouvoir nous défendre, comme offerts à sa curiosité malsaine P.127), l’hypocrisie du système, la misogynie, le racisme et la xénophobie.
Même si l’on sent très fort son besoin et son combat pour la justice, il n’en est pas moins confronté à la honte, à la culpabilité et à sa propre impuissance face aux actes et aux discours des adultes qui l’entourent.
D’ailleurs, il évoque tout à fait adéquatement qu’À Saint-Paul, nous avons côtoyé le meilleur et le pire, le sublime et la mort. Cette période de notre adolescence ressemble à une médaille à double face : un avers admirable et un revers monstrueux. P. 316

Le regard perçant du loup

Face à cette magnifique couverture annonciatrice du combat du bien contre le mal, à ce titre tout aussi évocateur, aux chapitres à thèmes et aux changements de police entre le passé et le présent, l’on déguste là un suspense psychologique à l’écriture nette, fluide, empreinte d’émotions, de paradoxes, de lieux et de personnages extrêmement bien décrits que l’on a l’impression de connaître.
Outre la trame policière, c’est surtout le récit d’une expérience de vie dans un monde qui se devait d’être sécure mais qui, malheureusement, s’est montré totalement insécurisant, que l’on retiendra.
Une plongée à faire absolument, sans retenue aucune, pour garder à l’esprit les valeurs essentielles de la vie dans toute adversité.
Hélène Monin

1 Commentaire. Leave new

  • Dominique Montangero
    12 juin 2022 9 h 46 min

    Un livre extrêmement bien écrit, un suspense haletant, qui part du vécu de l’auteur et se développe dans une fiction qui punit des prédateurs. Un coup de poing dans l’estomac. On ne peut pas s’arrêter de lire. Génial!

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