À quelques huit années-lumière de la Terre, une étoile paisible atteint, après près de 500 millions d’années, la fin de son existence. Cette source de vie se transforme en une déflagration d’énergie se répandant dans l’univers, une supernova, qui atteint inexorablement cette petite planète du système solaire où la vie foisonne dans une multitude d’êtres. Pour les humains, cet événement lointain pourrait se limiter à quelques manifestations atypiques : une éclatante luminosité rayonnant sur la Terre, des aurores boréales inondant le ciel nocturne ou encore l’apparition d’une nébuleuse colorée. Cependant, l’impact de cette étoile morte s’avère bien plus conséquent et touche en profondeur le corps fragile de l’humain. La vérité se dévoile rapidement aux yeux des scientifiques : les dégâts provoqués par cette énergie colossale touchent directement l’ADN de tous les êtres vivants, ne laissant aux humains que quelques mois d’existence. Néanmoins, les enfants de moins de 13 ans semblent résister à ce phénomène, permettant à l’humanité de survivre à cette catastrophe. Qu’en sera-t-il de la civilisation lorsque celle-ci sera soumise aux règles des enfants ?

Une philosophie enfantine

Liu Cixin possède déjà une belle réputation dans le monde de la science-fiction, spécialement grâce à sa trilogie Le Problème à Trois Corps. Dans ce nouvel ouvrage, sur lequel il travaille depuis la fin des années 1980, il tente de visualiser la face du monde lorsque les enfants en prendront les rênes. Certaines caractéristiques, propres à l’auteur, se révèlent rapidement : sa propension à expliquer des phénomènes astrophysiques et des procédés d’ingénieureries ; l’importance de l’histoire et de l’apprentissage ; le développement d’une nouvelle civilisation. L’ouvrage peut être séparé en deux grands axes, le premier lorsque les adultes tentent de préparer les enfants à se débrouiller et à poursuivre leur existence, et le second lorsque ces mêmes enfants dirigent le monde.

Le premier thème développé par Liu Cixin s’avère particulièrement bien rodé. Lorsque les adultes constatent leur fin proche, ceux-ci se lancent dans divers projets pour permettre aux enfants de posséder les compétences nécessaires pour survivre. Chaque parent enseigne le fonctionnement de son propre métier afin qu’aucune facette du monde ne disparaisse. Les adultes tentent également de dénicher les enfants les plus matures pour permettre de créer un gouvernement responsable. Ce premier axe du roman permet au lecteur de rentrer rapidement dans l’univers de l’auteur, qui présente les problématiques d’un tel bouleversement sociétal et des débuts de solutions.

Cependant, le second axe peine à conserver l’intérêt du lecteur et se perd dans moult intrigues qui ne trouvent pas spécialement leur dénouement. Au fil des diverses phases qui façonnent cette nouvelle ère de la civilisation, les enfants dénichent des projets afin de motiver la jeunesse à travailler pour sa survie. Malgré plusieurs idées très abouties, le roman tend à s’attarder trop longtemps dans certains de ces projets, qui perdent rapidement de leur intérêt. De plus, l’histoire manque d’une conclusion et il s’avère complexe de comprendre l’évolution qui mène aux derniers chapitres. Certaines intrigues secondaires sont également abandonnées au fil du synopsis, laissant le lecteur dans ses questionnements sans réponses.

Une fin négligée

En résumé, l’ouvrage possède bien des qualités, mais également plusieurs défauts. La plume de l’auteur rend la lecture très agréable, et les nombreuses explications techniques permettent de découvrir le fonctionnement de plusieurs domaines, allant de la physique au fonctionnement de certains armements. Liu Cixin déborde d’imagination pour dévoiler le comportement des enfants dans un monde dystopique, mais peine à se diriger vers une conclusion convaincante. L’histoire semble manquer de plusieurs chapitres expliquant la suite des événements, alors qu’elle s’attarde dans certaines dimensions qui pouvaient être clairement rabotées. Le sentiment final est mitigé, partagé entre une lecture captivante et un sentiment de bâclage.

Florian Masut