Les événements concluant la première intégrale du Concile de Merlin laissèrent les protagonistes dans une situation délicate. Gwendaëlle, fille de Merlin, voyait son âme s’échapper de son corps, alors que celui-ci se vidait de ses dernières gouttes de sang suite à un terrible et violent combat contre des mages noirs, à Rome. Son mari, Gildas le Sage, tentait désespérément de prendre la fuite en portant le corps moribond de sa bien-aimée. Enfin, le mage Iloan, bien que proche de Merlin et de ses desseins humanistes, dévoilait sa félonie en s’affichant aux côtés du pape et en poignardant Gwendaëlle.

Cependant, grâce à la magie des pierres de téléportation, les deux amants parviennent à retourner dans l’abbaye de Gildas, à Rhuys, et à soigner les graves blessures de Gwendaëlle. Le temps passe inexorablement, et plusieurs années s’écoulent sans que les mages noirs ne viennent chasser les deux protagonistes, leur permettant de s’abandonner à une vie calme et discrète. Gildas se concentre sur ses responsabilités dans son abbaye, alors que Gwendaëlle tâche d’utiliser ses dons de mage et de guérisseuse pour soigner les nécessiteux. Peu à peu, son statut de Maître mage l’oblige à prendre sous sa coupe de jeunes apprentis, Aurélien et Maya, préparant de ce fait le futur combat contre cette Ombre qui envahit le monde. Les péripéties ne manquent pas de réapparaître, annonçant le combat final contre le Mal.

Voyage au centre de la Magie

La trilogie de Lionel Cruzille ne manque pas de qualités, mais possède également quelques défauts. Dans cette seconde intégrale, qui présente le dernier ouvrage Le Graal, le synopsis abandonne tristement plusieurs dimensions qui, pourtant, participaient au charme des deux premiers tomes. Le conflit entre une chrétienté s’affirmant dans le monde politique et spirituel, et un druidisme chassé par l’intolérance et l’incompréhension, se voit légèrement mis en retrait. De même, certaines facettes historiques, telles que les hostilités à Rome ou les rivalités entre puissants, disparaissent du récit. Celui-ci raconte spécialement la formation que donne Gwendaëlle aux jeunes mages. Il permet certes de comprendre les fondements de la magie de cet univers et de lui donner des racines profondes, mais ralentit considérablement la narration, qui pourtant annonçait moult conflits entre le Bien et le Mal. Cependant, plusieurs passages offrent quelques détails des plus intéressants, notamment sur les derniers moments du roi Arthur ou sur le futur des Mages, et la conclusion de la trilogie ne manque pas de surprises et d’événements épiques.

Les personnages évoluent considérablement entre les ouvrages. Les épreuves qu’ils surpassent, les enseignements qu’ils absorbent et les péripéties qu’ils subissent leur permettent de changer leurs visions et leurs compréhensions du monde. Mes critiques sur le charisme de Gwendaëlle demeurent dans ce dernier tome : bien que ses questionnements s’avèrent des plus pertinents et légitimes, et que les enseignements qu’elle donne ne manquent pas de sagesse, le personnage peut rapidement ennuyer par sa manière d’être et de s’exprimer. Le style littéraire et la plume de Lionel Cruzille restent néanmoins savoureux et très agréables à lire.

Un résultat mitigé

Cette fin de saga s’avère frustrante. Les talents de l’auteur ne manquent pas : son synopsis débutait admirablement, offrant moult possibilités historiques et légendaires dans ce monde mêlant époque arthurienne, magie, chrétienté et bien d’autres ingrédients ; son écriture est agréable, riche en vocabulaire et fluide ; ses personnages évoluent considérablement… Néanmoins, la fin de son synopsis se perd dans une lenteur non négligeable, ternissant le plaisir d’atteindre une fin de récits qui ne manque pourtant pas d’intérêt.

Florian Masut