En cette fin du XIXe siècle, des personnes aux talents particuliers foulent les ruelles d’un Paris infecté par des organisations criminelles. Certaines possèdent des corps invulnérables aux blessures, d’autres parviennent à pister des individus avec grande aisance. Parmi elles, Fannie, une jeune femme Empathique, possède la capacité de lire et de communiquer avec les esprits des gens, voire de contrôler leurs corps. Hélas pour elle, La Pieuvre, l’une des organisations criminelles les plus puissantes de la capitale, désire ardemment ce talent afin de régler bon nombre de ses problèmes. Ce que mafia veut, mafia enlève. S’en suit une série de péripéties qui toucheront tant le monde criminel que les petites gens innocents.
Les contes de la Pieuvre
Depuis 2017, l’auteur et illustrateur Gess conte et dessine plusieurs histoires évoluant dans une capitale française de la fin du XIXe siècle. L’une des particularités de cet univers réside dans la présence de personnes possédant des talents particuliers : corps résistant à toutes formes de blessures ; possibilité de retrouver aisément des individus dans le monde ; puissance d’un Dieu… De nombreux protagonistes possèdent des capacités particulièrement puissantes qui titillent la curiosité et l’envie insatiable de pouvoir d’une organisation de malfaiteurs dominant Paris : La Pieuvre. Conséquemment, ceux-ci se trouvent mêlés à des desseins odieux et à des péripéties dangereuses, desquels ils tentent péniblement de se sortir. Après les récits La Malédiction de Gustave Babel (2017), Un Destin de Trouveur (2019) et Célestin et le Cœur de Vendrezanne (2021), cette Fannie La Renoueuse vient compléter des récits travaillés et prenants.
Des dessins passables pour de brillantes histoires
Débutons avec une critique, particulièrement subjective certes, mais qui pèse dans l’appréciation globale : les dessins. Gess possède un style particulier, ne s’attardant pas à détailler les paysages ni les personnages. Les traits s’avèrent parfois grossiers, presque laids. Cependant, il joue avec un certain talent sur les couleurs, qui teintent différemment les dessins selon les récits et les points de vue.
Outre ce détail graphique, force est de constater que Gess développe ses histoires avec ingéniosité et dextérité. Loin de conter simplement les aventures de Fannie, il étale et entremêle les péripéties de plusieurs protagonistes qui finissent invariablement par se croiser. Bien que Fannie La Renoueuse s’intéresse spécifiquement à cette femme Empathique, les autres personnages possèdent leurs passés et de riches histoires qui expliquent comment ils arrivent jusque dans les filets de La Pieuvre. De ce fait, le lecteur savoure pleinement des personnalités complexes et torturées. De plus, le synopsis s’aventure dans divers événements originaux et étonnants, ne manquant pas de suspense et de surprises.
En résumé, Fannie La Renoueuse est une belle réussite. Si le lecteur parvient à outrepasser des dessins peu charmeurs et « laids », il découvrira des histoires passionnantes et particulièrement bien écrites. Les personnages possèdent tous un charme indéniable et un passé détaillé, donnant de la profondeur à l’ouvrage. Suspense, surprises et péripéties parsèment les pages de l’ouvrage, ne manquant pas d’alimenter l’intérêt du lecteur, le poussant même à vouloir découvrir les autres volumes d’un univers au demeurant riche et des plus intéressants.
