Nesbo, Jo ; traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier
Policier & Thriller
Paris : Gallimard, 2024, 277 pages, 19 €

🙂 🙂 Par le bout du nez

Jo Nesbo poursuit son exploration de genres littéraires qui n’ont pas fait sa renommée.
Après « Rat Island », recueil de nouvelles dystopiques, fantastiques ou empreintes d’aventures, voici une déclinaison du registre de l’horreur.
Un garçon qui se fait avaler par le cornet d’un téléphone public, un autre qui se transforme en cafard monstrueux, nous sommes clairement sur les plates-bandes d’un Stephen King ou d’un Graham Masterton.
Dans une première partie angoissante, Jo Nesbo exploite toutes les ficelles de l’épouvante, installe le mystère et nous balade au gré d’une imagination débordante, voire exubérante car au fil de la lecture, on se demande à plusieurs reprises si ce livre n’est pas destiné aux adolescents…Tout paraît trop grand, trop grand-guignolesque. Sans doute imbuvable pour les amateurs du Nesbo traditionnel dont d’aucun pourraient certainement décider d’interrompre l’expérience.
Ce serait une erreur même si l’effort ne trouvera sa récompense qu’au-delà de la cent-cinquantième page !

Un joli tour de passe-passe

La deuxième partie nous fait rapidement comprendre notre bévue : en fait, les faits relatés précédemment sont extraits du livre pour enfants écrit par un homme qui, un jour, revient dans son village natal, auréolé de son succès en librairie. Joli tour de passe-passe se dit-on alors, heureux de prendre conscience que, loin de perdre son talent, Nesbo l’utilise de manière très pernicieuse et habile. Mais, lors d’une soirée de retrouvailles entre anciens élèves du lycée local, le cauchemar recommence, la violence s’invite de manière brutale et un invité n’hésite pas à proposer sa propre chair pour confectionner des hamburgers ! On retombe une nouvelle fois dans l’excès ! Où Nesbo veut-il nous emmener ?
La troisième partie, très courte, a le mérite de rebattre une nouvelle fois les cartes et de la meilleure des manières : elle livre une explication plausible et de dimension purement et malheureusement humaine où l’horreur, omniprésente, se révèle au final le véritable fil rouge d’un récit déstabilisant et très intelligemment construit, justifiant sa présence dans la prestigieuse « série noire ».
Éric Albert

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