Chauvel, David (scénario); Guinebaud, Sylvain (dessin) ; d’après Aurélie Wellenstein
Bande dessinée
Paris : Delcourt, 2025, 51 pages, 16.50 €
🙂 🙂 Chasse interdite
Chasser sur les terres des Thorwalds, c’est interdit. Ivar, Oswald et Kaya le savent bien. Pourtant, tout le monde meurt de faim au village et le père d’Ivar, malade, aurait bien besoin d’un bon morceau de viande pour se requinquer. Alors les trois amis décident de tenter une incursion dans la forêt des maîtres. Mal leur en prend, une rencontre imprévue qui dérape et qui finit en drame, suivie d’un jugement rapide et les voilà tous trois condamnés à être transformés en berserkirs, des monstres à l’apparence d’animaux, dans l’esprit desquels une partie de l’humain qu’ils furent -petite ou grande, personne ne le sait- semble toujours survivre. Une fois contaminés, leur transformation n’est pas immédiate, mais ils sont relâchés dans un vaste territoire déjà habité par d’autres condamnés comme eux et que les chasseurs Thorwalds écument pour leur plus grand plaisir.
Une histoire d’amitié et de lutte contre l’adversité
Adapté d’un roman d’Aurélie Wellenstein paru en 2015, « Le roi des fauves » coche une bonne partie des cases propres à toute quête de type fantasy qui se respecte. On y suit un petit groupe d’amis très soudé, menacé par une inéluctable, et apparemment douloureuse, transformation en animaux, poursuivis par une bande de chasseurs sanguinaires, et à la merci de monstres en territoire inconnu. Leur seul espoir réside dans la recherche d’un prétendu « roi des fauves », apparu en rêve à l’un d’entre eux, et lui ayant fait miroiter une issue favorable s’ils arrivaient à le retrouver. Une vraie quête donc, nous vous le disions. Le dessin et le découpage de Sylvain Guinebaud se révèlent parfaitement en accord avec le scénario non-linéaire de David Chauvel. À l’inverse de nombreuses séries ressortant du même univers et qui développent un trait sombre, aux trop nombreuses cases et autres incrustations, le graphisme s’affirme ici d’une grande lisibilité, facilitant la compréhension entre les différentes époques du récit et l’identification des personnages, et propre à séduire les lecteurs les plus réticents au domaine fantasy. On a apprécié cette histoire d’amitié et de lutte contre l’adversité, qui prend son temps et ne verse pas dans la débauche de scènes sanguinaires, qui creuse la psychologie de ses personnages tout en ménageant suffisamment de points de suspense pour nous donner envie d’en découvrir la suite. Une série en deux tomes, le second est annoncé pour septembre par l’éditeur.