Hogarth, Ainslie ; traduit de l’anglais (Canada) par Michael Belano
Policier & Thriller
Paris : 10/18, 2025, 317 pages, 16,90€

🙂 Elle ne s'appelle pourtant pas Aline

Un pitch intéressant
Laura est morte. Une stupide chute dans l’escalier. Si c’est un drame insoutenable pour Ralph, son fils, avec qui elle a toujours eu une relation fusionnelle, la disparition de l’insupportable femme acariâtre et sans cesse dans le jugement (négatif) sonne comme un véritable soulagement pour Abby, l’épouse de Ralph.
Enfin débarrassé de ce fardeau, le couple va pouvoir vivre comme il l’entend : déménager de l’habitation maternelle, laisser libre cours à leurs envies et projets, avoir un enfant, vivre leur amour sans entrave, dans une parfaite intimité.
Oui mais voilà, Ralph déprime. A tel point qu’il se persuade que sa mère chérie est toujours dans la maison. Oui, elle lui parle, lui serine de bons conseils, continue à jouer le rôle étouffant de la génitrice castratrice. Est-il fou ? Ou bien les manifestations qu’il prétend expérimenter sont-elles fondées ?
Abby est partagée entre la prise en compte des délires de son mari et l’espoir d’une guérison. Elle touche du doigt tout ce qu’elle a toujours espéré… Son salut réside-t-il dans la carte énigmatique qu’une présumée voyante avait remise à Ralph, à l’hôpital, lors de l’admission de sa mère ?
Qui croire quand le monde tourne fou ?
Un traitement analytique
Il semble qu’avec ce roman, Ainslie Hogarth a voulu emprunter les sentiers glissants de l’angoisse et de la peur chers à un certain M. King. Mais il serait vain d’espérer une lecture haletante due à une succession de scènes plus horrifiques les unes que les autres. Non, l’auteur joue la carte de la psychologie, de la psychanalyse même. La description des tourments internes de l’anti-héroïne Abby mine peu à peu le terrain de l’action. Il y a bien quelques indices, disséminés là et là qui captent l’attention par leur potentiel d’effroi mais ils ne suffisent pas à embarquer le lecteur amateur, le laissant frustré, trompé dans ses attentes. L’histoire n’est pas inintéressante, je lui reconnais beaucoup de qualités et approuve les adjectifs « décalé, inattendu et séduisant » imprimés en accroches sur la couverture. Mais il y a comme un manque de souffle, d’habillage de suaire propice à ce genre de récit.
Une fin organique
Ne divulgâchons pas ! Disons seulement que l’épilogue du livre louche vers un grandguignol qui tombe un peu comme un cheveu dans la soupe. L’absurde dans toute sa turpitude qui laisse à penser que la protagoniste est finalement beaucoup plus folle (ou désespérée) que l’homme qu’elle essaie de « désenvoûter ».
« Elle est revenue » taille un costard aux archétypes de la mère : l’absente, la dénigrante, la surprotectrice ou, au contraire, celle qui, par ingratitude compulsive et cupidité, finit par abandonner la sienne.
A cheval entre les genres (comédie domestique, terreur, satire sociale et féministe, suspense,…), le livre de Hogarth brouille les codes sans parvenir cependant à les transcender.
Éric Albert

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