Camilleri, Andrea ; traduit de l’italien (Sicile) par Serge Quadruppani
Policier & Thriller
Paris : Fleuve éditions, 2025, 284 pages, 20,90 €

🙂 🙂 🙂 🙂 Chapeau bas, Maestro

Commencer la gorge nouée …

C’est avec beaucoup d’émotion que je commence ce dernier opus des enquêtes du commissaire Montalbano, dont je me régale depuis plus de 20 ans. Camilleri l’a en fait écrit en 2005, il était alors âgé de 80 ans, en faisant promettre à son éditeur de ne pas le publier avant sa mort. Il l’a retravaillé en 2016, puis a continué à écrire d’autres enquêtes. Il est décédé en 2019. Promesse tenue : Riccardino sort en 2020 en Italie, et en 2025 chez nous, année du 100ème anniversaire de la naissance de son créateur.

Classicisme indémodable

« Il y eut un crime et Montalbano le résolut. Ou bien… Dans cette ultime enquête, plus que jamais, les apparences sont trompeuses. Quatre amis se retrouvent dans la tourmente à la mort de l’un d’entre eux. Quand il apparaît que ce Riccardino partageait beaucoup plus qu’il n’est en général partageable avec ses meilleurs amis, la conclusion de l’affaire semble s’écrire d’elle-même. Du moins c’est ce que voudrait l’auteur, s’invitant dans l’histoire par un tour pirandellien, au grand dam du commissaire. Mais Montalbano ne serait pas Montalbano s’il s’en laissait conter, même par son propre créateur. Montalbà, la scène est à toi ! »
Comme dans tous les livres de la série : un crime, parfois un second pour corser un peu, l’enquête, et enfin la conclusion. Classique, mais quand on lit un Montalbano, plus que l’intrigue, c’est à tout un univers que l’on s’intéresse : les personnages auxquels on voue beaucoup d’affection, le tempérament du commissaire, sa droiture comme ses écarts de conduite (aussi bien dans son travail que dans sa vie privée), la langue si particulière qui nous est devenue si familière grâce à son traducteur, Serge Quadruppani.

Coups de génie !

La grosse surprise dans Riccardino, c’est l’intervention dans l’histoire d’Andrea Camilleri qui s’y invite en personne, à coup de nombreux appels téléphoniques au commissaire, lui suggérant ses idées quant au dénouement de l’affaire, ni l’un ni l’autre ne sachant comment conclure. Les dialogues sont à la fois truculents et drôles et viennent pimenter les rapports entre le créateur et sa créature. Coup de génie ! Il fallait y penser. On y ressent aussi toute l’affection que Camilleri a pour son personnage fétiche.
La deuxième originalité : Montalbano est, dans ce dernier opus, au courant de la série télévisée qui porte son nom, elle-même tirée des romans de Camilleri. Non seulement aux prises avec son créateur, voilà qu’il doit composer avec son double, l’acteur qui tient son rôle. Et il en est quand même un peu jaloux : le Montalbano de la série est plus jeune, et on sait que le fait de vieillir rend notre commissaire un peu aigri. Il a des questionnements aussi : comment le Montalbano aurait fait, lui, dans telle ou telle situation. Là aussi c’est drôle, cocasse même, et ça marche super bien !

Finir nostalgiquement souriante …

Chapeau monsieur Camilleri pour cette belle et subtile sortie de Montalbano. Merci pour tous ces moments inoubliables de lecture. Vous allez me manquer. Que dis-je ! Vous allez nous manquer. Je ne pense pas que je pourrai me passer de votre merveilleux univers … Mais oui ! Je peux ! J’ai tous vos livres dans ma bibliothèque …
Bernadette Agostini

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