Burke, James Lee ; traduit de l’anglais (E-U) par Christophe Mercier
Policier & Thriller
Paris : Rivages , 2025, 350 pages, 23 € (Rivages Noir)

🙂 🙂 Amis de toujours

Tout ce que Clete Purcel avait fait, c’était de confier son Eldorado 1959 -la prunelle de ses yeux- à la station de lavage de son pote Eddy. Puis, il l’avait récupérée et ramenée chez lui. Rien de remarquable donc. Pourtant, quelques heures plus tard, il s’était retrouvé nez à nez avec une bande de type en train de la dépecer méthodiquement dans l’enceinte de son domicile. L’affaire prit un tour désagréable -une bagarre en bonne et due forme- mais aurait pu en rester là. Clete voulut pourtant en avoir le cœur net, il retourna à la station de lavage pour tenter de comprendre avec quelle autre voiture les malfrats avaient confondu la sienne, et ce qu’ils espéraient y retrouver. Et c’est là que les ennuis commencèrent.

Une nouvelle et heureuse plongée dans l’univers burkien

On connaît Clete Purcel depuis le début, depuis que James Lee Burke nous conte les enquêtes de Dave Robichaux, son personnage fétiche. C’était en 1989 et déjà, Clete s’imposait comme l’ami de toujours de Dave. Ensemble, ils avaient patrouillé dans le Vieux Carré de La Nouvelle Orléans ; ensemble, et même après qu’ils aient quitté le NOPD, ils avaient combattu la vermine, les trafiquants de drogue, les politiciens corrompus, les assassins et criminels en tout genre. Pour cette nouvelle enquête, même si Dave est présent, c’est bien à Clete que James Lee Burke donne la parole. Et la différence avec les précédents volumes, loin d’être désagréable, se révèle évidente. D’un naturel plus enjoué, moins torturé intérieurement par la culpabilité, moins habité par la religion, et assumant son goût pour l’alcool (alors que Dave lutte constamment contre son alcoolisme latent à coup de Dr Pepper et de réunions des A.A.), Clete interpelle sans cesse le lecteur, se confie à lui. Il verse moins dans la mélancolie que son ami de toujours et, s’il se révèle un aussi fin observateur de la nature louisianaise que lui, il la décrit plus abondamment (oiseaux, arbres, climat) et la loue à plusieurs reprises : « C’est la Louisiane et c’est gratuit ». On sent chez lui un sentiment de bonheur d’être au monde et de vivre pleinement. Sans angélisme pour autant : il sait la noirceur environnante et lorsqu’il se décide à prendre une cuite carabinée, il se trouve une excuse : « Il existe des choses auxquelles on n’est pas habitués. C’est pour ça que les flics, les travailleurs sociaux et les journalistes boivent trop ». Si le final de ce nouvel épisode (que Burke place chronologiquement bien avant la dernière enquête publiée de Robichaux) se révèle un rien plus léger que ceux auxquels nous étions habitués, le chemin pour y arriver nous a replongés avec bonheur dans l’univers burkien, aux côtés de sa galerie de personnages emblématiques : la femme fatale et manipulatrice, le mari violent, les gros bras racistes ainsi que la supérieure hiérarchique intransigeante de Dave, tous plongés dans une sombre affaire de complot mixant trafic de drogue et terrorisme.
Nicolas Fanuel

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