Koontz, Dean R. ; traduit par Danchin, Sébastien)
Policier & Thriller
Archipel, 2018, 400 pages, 24 €
🙂 Shenneck un au revoir.. - critique complète
Il aura donc fallu attendre cinq ans avant de pouvoir lire à nouveau Dean Koontz ! C’est très certainement pour une raison de rentabilité que les éditions Lattès ont laissé tomber cet auteur qui, pourtant, fait les beaux jours des listes de best-sellers outre-Atlantique.Après une période dorée (’80-’90), Dean Koontz avait, il est vrai, connu une baisse de régime. Pas au niveau du nombre de livres mais au niveau de la qualité intrinsèque de ceux-ci.
Après la série « Odd Thomas » et la quadrilogie consacrée au mythe de Frankenstein (directement parue au format poche), Dean Koontz a semblé commettre à peu près le même livre à chaque nouvelle parution. Son dernier titre en français « Soir de cauchemar » n’a vraiment pas soulevé l’enthousiasme de ses partisans. D’où cette traversée du désert de cinq ans.Cinq ans durant lesquels Dean Koontz n’a pas cessé de publier aux Etats-Unis. On dénombre pas moins de dix titres manquants dans les bibliographies francophones et nul ne sait si le retard sera un jour rattrapé.Les éditions de l’Archipel proposent aujourd’hui le premier volume d’une nouvelle série mettant en scène la jeune et intrépide Jane Hawk, agent du FBI, sorte de Lara Croft urbaine.
Depuis le suicide de son mari, Hawk, qui ne peut se faire à cette idée, découvre que le pays entier semble la proie de suicides violents et inexplicables. Le FBI n’accorde aucun crédit aux affabulations de son agent, qui croit discerner dans cette vague mortelle les symptômes d’un complot machiavélique, orchestré par un individu ou un organisme de l’ombre. C’est donc en cavalier seule que Jane Hawk va se lancer dans une enquête trépidante et périlleuse. Car elle se rend bientôt compte qu’elle est devenue une cible pour de sombres individus, bien décidés à l’empêcher de poursuivre ses investigations auprès de personnes ayant elles aussi subi une perte dramatique et inopinée de proches parents. Survivre devient donc son leitmotiv. D’autant plus qu’elle a charge d’âme : elle a un fils, placé sous protection dans un endroit tenu secret, qu’elle entend bien protéger. Mise sur la piste d’un individu puissant et pervers, par l’entremise d’un hacker initié aux pratiques du Dark Web (l’internet profond, caché, siège de toutes les manipulations opaques, de tous les complots et d’une criminalité débridée), Jane Hawk va petit à petit lever le voile sur un projet technologique de grande ampleur, dont le but inavoué est le contrôle total de l’ếtre humain, par l’introduction dans le corps d’une puce cybernétique, annihilant toute capacité de réflexion.
Voilà pour le pitch et le moins qu’on puisse en penser c’est que l’auteur ne fait pas preuve d’une grande originalité. Il a en effet déjà exploité ce thème de la prise de contrôle à grande échelle de l’être humain (je pense immédiatement à « La Peste grise », par exemple, écrit il y a plus de trente ans !). Malgré tout, on retrouve avec plaisir son sens du drame, ses descriptions de scènes aventureuses, et la succession de courts chapitres enjoint à la poursuite de la lecture. Au fil du roman, la sensation de facilité narrative se fait néanmoins jour : tout cela paraît trop simple. Il suffit à l’héroïne de faire quelques rencontres porteuses pour arriver à identifier et localiser le personnage odieux qui tire les ficelles de la manipulation suicidaire : Bertold Shenneck.
Jane Hawk, elle-même, reste un peu trop superficielle tandis que les nombreux personnages qui évoluent autour d’elle sombrent dans une sorte de brouillard identitaire qui ne permet ni l’empathie, ni l’intérêt.Il reste à sauver de ce retour la promesse de deux autres (voire quatre) romans mettant en vedette Jane Hawk – elle gagnerait peut-être par là toute la densité qu’une héroïne de sa trempe est en droit de recevoir – et poursuivant la trame de l’utilisation déviée de prouesses technologiques jusqu’à une apogée apocalyptique, qui prouverait que Koontz est de nouveau à son meilleur. Indulgence et confiance orienteront donc la découverte du prochain titre. Pour autant que celui-ci connaisse son petit succès commercial, bien entendu.