Londres 1914-1915
Le Premier Ministre, Herbert Henry Asquith entretient une relation avec une jeune aristocrate, Venetia Stanley, au travers de promenades en voiture et d’échanges de lettres, au contenu d’abord platonique puis de plus en plus confidentiel.
Mais, alors que l’Europe est prête à entrer en guerre, certaines « fuites » mettent les sens de la police aux aguets et justifient une enquête des services secrets.
Est-ce bien raisonnable dans un contexte qui se veut de plus en plus sensible ?
Alors que le P.M promulgua lui-même une loi, en 1911 sur « la protection des secrets d’Etat ».
Un homme amoureux ?
Certes, Le Premier est très épris de sa jeune amie qui pourrait, sensiblement, être sa fille.
D’ordinaire, homme doux, calme, réfléchi et apprécié du peuple, il devient de plus en plus imprudent dans ses échanges avec Venetia, devenue sa plus grande confidente, au point de lui faire porter le sceau du secret.
Un homme qui semble totalement inconscient du danger qu’il accroît de jour en jour pour lui, pour elle et pour l’Angleterre.
Cependant, son amour est empreint tant de poésie, au travers de sa plume et d’extraits de littérature tel les œuvres de Browning et Shakespeare, que de tourments tant son obstination envers Venetia ne fait qu’accroître.
La jeune aristocrate, quant à elle, est une jeune femme très intelligente, indépendante et au charme certain. Certes, flattée par la confiance accordée par le Premier, comme tout le monde le nomme, a-t-elle les épaules pour supporter ce poids ?
Le lieutenant Demeer, seul personnage fictif, est engagé pour intercepter les lettres et autres documents officiels et enquêter en sous-main afin d’envisager les parts de responsabilité du P.M et de Venetia dans un conflit aussi meurtrier que les échanges amoureux qu’il suit comme un roman feuilleton. En effet, son charme surpassait sa beauté : élancée, énergique, … Il comprenait fort bien que le P.M en soit amoureux. Mais partager de si nombreux secrets avec une femme qui n’avait pas la moitié de son âge, …c’était plus que de l’amour. Bien pire : de la folie.
Un roman en plusieurs parties et réellement captivant dès la 3ème
Débutant sur les négociations autour du Home Rules en Irlande et des divergences entre Unionistes et Nationalistes ; le roman amène le lecteur vers l’ultimatum des Autrichiens face aux Serbes, suite à l’assassinat de l’Archiduc pour se poser, très rapidement, la question de l’intervention des forces britanniques auprès de ses alliés, la France et la Belgique, puisque des traités d’alliances ont été signés dans ce sens et qu’il n’est absolument pas question de déshonneur pour les Anglais.
Entre décisions politiques d’envergure et inquiétude croissante pour les pertes humaines où La mort prenait une place de plus en plus grande dans les préoccupations du Premier Ministre : listes des tués publiées quotidiennement dans les journaux, fils d’amis tombés au front, lettres de condoléances qu’il lui fallait chaque fois écrire. P. 325
Un contexte politique empreint de divergences entre les hommes d’Etat qui, pourtant se réunissent régulièrement autour de repas fastes et inconvenants au regard de l’actualité.
Des dirigeants décrits avec précision, tant Kitchener que le P.M ou encore Winston Churchill, proche également de Venetia, sa « fougue », ses revendications et sa vision globale et tactique du conflit. L’ardeur qui me porte est celle qui nous fera gagner la guerre. P. 318
Un roman historique extrêmement précis et concis en matière de langage usité à l’époque dans la bourgeoisie, de temporalité, de contexte politique, de personnages haut-gradés, de sécurité intérieure, d’espionnage, de dénonciations, …
Un roman qui pousse à se documenter pour mieux comprendre ce conflit majeur et ses enjeux et qui donne envie de redécouvrir l’Histoire au travers d’autres œuvres de l’auteur.