Wilson, Rohan
Aventure
Albin Michel, 2015, 304 pages, 24 €
🙂 Sanglante conquête - critique complète
En 1829, la Tasmanie est un territoire encore préservé, où peu d’Européens ont déjà débarqué. Mais ceux qui y sont comptent bien conquérir cette île en s’emparant de terres. Et ce ne sont pas les aborigènes qui vivent là depuis des dizaines de milliers d’années qui vont les freiner dans leur course ! Même si ceux-ci répliquent à coups de lance…
John Batman, un homme d’affaires ambitieux, monte une milice afin d’éliminer les aborigènes qui se mettraient en travers de son chemin. Il engage pour ce faire des colons, des repris de justice…mais aussi des métis. Leur appât ? Un lopin de terre, pardi. Ou un peu d’argent. Et pour cela, ils sont prêts à tout.
Black Bill, né dans le clan Panninher, a été élevé comme un homme blanc. Lui et sa femme enceinte occupent une hutte, et vivent de l’agriculture et de chasse. Quand le chef Manalargena, qui s’oppose à Batman, vient le trouver avec ses guerriers pour qu’il se joigne à eux, Black Bill refuse. Il a passé un accord avec Batman, qui a besoin de lui dans le bush…
« La battue » est une fameuse évocation de la conquête de la Tasmanie, qui fut aussi sanglante que décrite. Le charismatique Manalargena a quant à lui réellement existé. Cette partie sombre de l’histoire de la Tasmanie est basée sur l’extermination systématique de ses autochtones. Elle est décrite dans un style plutôt crû et détaillé : sous nos yeux renaissent les paysages, la faune, la chaleur du soleil, mais aussi les cris nés de la fureur des hommes, les cadavres égrenés dans forêts et plaines. L’auteur, né en 1980 en Tasmanie, fait revivre la culture aborigène originelle, en totale fusion avec la nature. Black Bill est un personnage captivant, torturé entre ses racines ancestrales et son envie de vivre parmi les blancs.
La battue » est un premier roman, couronné par plusieurs prix, dont le Sydney Morning Herald Award, qui récompense le meilleur jeune australien de l’année.