Emmylou, étudiante bretonne vivant dans une famille qu’elle juge lourdingue, inattentionnée envers elle et, de surcroît, pauvre, vient de vivre un événement dramatique. Elle pense ne jamais s’en remettre, n’entrevoit aucune échappatoire à sa condition d’ado solitaire, incomprise et sans doute destinée à une existence aussi laborieuse que ses parents qui s’épuisent dans un boulot abrutissant. Son rêve, devenir journaliste, profession pour laquelle elle estime son niveau d’anglais insuffisant, lui semble plus que jamais hors de portée. Aussi, lorsqu’une vague connaissance lui parle de son expérience de fille au pair en Angleterre, Emmylou entame-t-elle immédiatement les démarches pour tenter de se faire embaucher de l’autre côté de la Manche. Et elle y réussit, au-delà de ses espérances : « Je vais apprendre l’anglais chez des riches puis rentrer en France, passer le concours de journalisme et quitter ma famille pour toujours. Le plan parfait ». Car effectivement, la famille qui l’accueille, les White -papa, maman et deux garçons- semble parfaite et riche : ils vivent dans un quartier de cinq maisons toutes identiques situées dans une enceinte privée, loin du centre de Londres. Si Emmylou en prend plein les mirettes les premiers jours, le côté sombre de sa nouvelle existence ne va pas tarder à se manifester à elle, d’événements bizarres en situations franchement inquiétantes.
Inspiré de sa propre expérience
Premier roman pour Sidonie Bonnec, journaliste et animatrice radio et télé, qu’elle situe fin des années ’90 et dont l’inspiration lui est venue de sa propre expérience. Avec ses chapitres -plutôt des longs paragraphes, non numérotés d’ailleurs- courts et sans fioriture, l’autrice nous accroche dès les premières pages pour ne plus nous lâcher jusqu’aux dernières. L’intrigue se révèle rapide et sans temps morts, un page-turner idéal pour un week-end où rien d’autre ne compte que de se sortir de son quotidien. Même si l’on sait que le personnage principal va aller de désenchantements en révélations éprouvantes, lorsqu’elle les vit, on ne peut s’empêcher de trembler pour elle et d’être, tout comme elle, effaré devant l’impensable. L’adhésion au personnage principal tient au soin qu’apporte Sidonie Bronnec à sa psychologie (on sent que l’autrice n’a pas oublié les affres des tourments adolescents) et à la révélation progressive de son caractère déterminé. Car, après avoir eu le courage de quitter sa Bretagne et sa famille, Emmylou en montrera autant pour se sortir du piège dans lequel les White la voyaient sans doute trop vite sombrer. Une histoire qui se tient et qui prend aux tripes, un thriller qui remplit parfaitement son contrat. On a aimé !