Pori, Finlande, une explosion en pleine nuit dans une boîte LGBTQIA+.

Henrik Oksman est chargé de l’enquête, non sans un malaise palpable puisqu’il était lui-même dans le lieu quelques minutes avant l’attentat et qu’il en est sorti au bras d’un homme chic et connu pour revendiquer ouvertement son homosexualité.

Paradoxe

Un attentat peu anodin qui arrive alors que la loi votée pour le mariage pour tous est remise en question par les politiques.

Entre manifestations pour la liberté de tous, marche en souvenir des victimes et groupuscules d’extrême droite Les White Order, la situation est plus que tendue.

Sans compter la propagande sur les réseaux sociaux, l’incitation à la haine, à la discrimination, le racisme en référence à Hitler, aux exterminations et aux moyens utilisés à l’époque et les tentatives de radicalisation à cette cause. L’utilisation de la croyance en Dieu et les références à l’Ancien Testament ne manquent pas pour rassembler les fanatiques ainsi que les sacrifices et les morts horribles. Il est temps de nous insurger. Nous, les véritables disciples de Jésus. Beaucoup de pêcheurs connaîtront aujourd’hui la colère divine… P.164

Enfance

Mise en avant sur plusieurs plans, on retrouve quelques-uns des personnages plus que malmenés durant cette période qui aurait dû se montrer sécure naturellement. Certains seront résilients et s’en serviront à bon escient, d’autres côtoieront le mal dans sa plus intense profondeur.

Personnages principaux

Même si les noms finlandais ne nous sont pas faciles à prononcer, l’on s’y retrouve aisément tant ils sont rapidement présentés.

L’équipe est au taquet et épluche tous les faits et gestes au peigne fin dans cette enquête extrêmement tendue et délicate.

L’on retrouve Paloviita, l’ex-commissaire intérimaire dans Le serment (2020) avec ses éternelles embrouilles familiales et sa folie des grandeurs impossible à rembourser.

Et le mystérieux Oksman, décrit par son acolyte : Oksman était sans conteste l’individu le plus paradoxal qu’il ait jamais connu. Taciturne, renfermé et névrosé, mais doté de qualités physiques exceptionnelles et d’un cerveau fonctionnant comme un ordinateur. P. 59

Un pasteur au passé et aux convictions bien campées, sans peur de les évoquer haut et fort. Le véritable Jésus n’était pas une poule mouillée pissant dans sa culotte mais un activiste radical, un anarchiste enragé, une irrésistible force de la nature qui ne s’aplatissait devant rien ni personne. 208

 L’auteur

Arttu Tuominen est un auteur finlandais ayant déjà écrit plusieurs romans dont Le serment, premier à être traduit en français et pour lequel il a obtenu le Grand Prix finlandais du meilleur polar 2020.

Avec La revanche, il signe un roman implacable sur les « différences », la tolérance et l’intolérance, l’acceptation et le rejet, l’utilisation des réseaux sociaux et la rapidité du transfert des informations, la haine qui se propage à vitesse exponentielle, et, pour lequel il a reçu le Prix Rosenkrantz du meilleur roman policier.

Même si le rythme paraît un peu lent au début malgré ses chapitres relativement courts, c’est un leurre car l’on plonge rapidement dans le vif de ce sujet poignant avec ses personnages attachants, la précision des faits, du matériel de guerre utilisé, les différents points de vue, l’écriture fine, fluide, précise, incisive.

Une lecture qui change des romans policiers ‘traditionnels’, qui fait réfléchir sur l’évolution ou pas de notre société sur des sujets aussi importants, sur des choix de vie qui se devraient d’être libres.

Une lecture sérieuse, délicate et accrocheuse.

Hélène Monin