Hachmang, Viktor; traduit de l’anglais par Basile Béguerie
Bande dessinée
Bruxelles : Casterman, 2025, 80 pages, 20 €

🙁 Périple au dépotoir

D’habitude, Géo se contente de conduire tranquillou son véhicule spatial, une benne à ordures des étoiles, au départ de la planète artificielle sur laquelle l’humanité a émigré jusqu’à… la Terre, devenue un vaste dépotoir sur lequel plus personne ne s’aventure désormais. Ce jour-là, un incident technique va précipiter sa benne sur la Terre, dans un atterrissage forcé qui endommage à ce point l’engin que toute tentative de décollage et de retour paraît très vite vouée à l’échec. Désespéré, il entame un périple à travers les ruines, les étendues d’eau polluées et les déchets en tous genres. Un jour, il ramasse un exemplaire de « La tempête », de Shakespeare et en fait son compagnon de voyage.

Scénario ésotérico-futuriste

Première bande dessinée publiée en français pour Viktor Hachmang, un artiste plasticien hollandais ayant déjà quelques « comics expérimentaux » (l’expression est tirée du communiqué de presse) à son actif et, toujours d’après ce dernier, dont les œuvres sont exposées internationalement. Nous, on veut bien, mais il nous semble quand même que voilà une œuvre dont tant le scénario que le dessin s’adressent à un public restreint, à l’affût… d’œuvres expérimentales (allons-y puisque le mot a été lâché). Commençons par le dessin : celui-ci rappelle indubitablement la SF de Druillet et des autres auteurs publiés dans feu puis resuscité « Métal Hurlant » et, si l’on peut effectivement reconnaître le talent de l’auteur, force nous est d’avouer qu’il ne nous touche ni par son trait (le personnage de Géo, tout en laideur, ne suscite ni adhésion ni empathie) ni par les couleurs criardes dont il pare ses cases. Mais ça, ce ne serait pas grave si l’histoire arrivait à capter notre attention : quel lecteur un tant soit peu curieux, ne s’est jamais laissé transporter par un scénario fulgurant alors qu’à priori, le dessin le laissait de marbre ? Hélas, pas de séance de rattrapage via le scénario ésotérico-futuriste : on peut certes se laisser porter et tourner les pages, mais c’est sans intérêt véritable et lorsqu’on touche au final, on ne peut s’empêcher de se demander : « tout ça pour ça ? ».  Ce n’est pas de gaité de cœur qu’on livre une chronique négative sur encrenoire, et même si, loin de nous est l’idée que l’auteur s’est moqué de qui que ce soit, il n’en reste pas moins qu’avec « L’arpenteur », il fait plus œuvre du domaine des arts plastiques tendance art moderne qu’œuvre bédéesque. 
Nicolas Fanuel

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