Alors qu’elle se rend, comme chaque dimanche soir, chez sa grand-mère Viviane, Eleanor la retrouve ensanglantéedans l’entrée de son appartement et croise son assassin. Mais, atteinte de prosopagnosie, elle ne peut malheureusement pas le faire identifier par un portrait-robot.

Lors de la succession, elle apprend qu’elle hérite d’un manoir en pleine forêt suédoise, lieu totalement gardé secret par Viviane.

C’est alors, accompagnée de sa tante Veronika, de son compagnon Sebastian et d’un avocat, qu’elle se rend dans cet étrange lieu rempli d’histoire…

Apparences trompeuses

Qui était vraiment Viviane, cette femme intraitable et acariâtre tout au long de sa vie ?

A-t-elle toujours été comme ça ?

Pourquoi avoir caché l’existence de ce manoir familial, qu’elle continuait de faire entretenir, qu’elle adorait tant et dans lequel pourtant, elle n’a jamais remis les pieds après le décès de son époux ?

Tant de questions que se pose Eleanor et, auxquelles, elle essaye de répondre en enquêtant sur le passé familial, ses secrets et ses non-dits.

C’est sans compter aussi sur les choses étranges qui se passent durant le séjour de nos 4 acolytes : l’impossibilité de joindre le gardien des lieux et sa disparition, l’avocat peut-être pas vraiment homme de loi finalement, les agressions dans le parc en pleine nuit, la peur qui s’insinue un peu plus d’heure en heure, le blizzard qui s’intensifie dans ce décordéjà morose, la violence psychologique des évènements et,…la prosopagnosie d’Eleanor qui l’empêche de mettre un visage sur l’assassin de sa grand-mère. Il n’a pas prononcé un seul mot. Presque comme s’il savait que je n’allais pas pouvoir l’identifier uniquement grâce à son visage, comme s’il savait que si j’entendais sa voix…je pourrais le reconnaître. P. 272

Tension palpable

C’est ici, une ambiance toute particulière que Camilla Sten instaure dans ce nouveau roman, avec ce sentiment d’être épié, que quelque chose ne va pas mais sans arriver à le justifier. Est-ce concret ou simplement le fruit de l’imagination d’Eleanor, déjà fragilisée par son vécu et l’angoisse endurée depuis longtemps face à cette grand-mère implacable et hostile dans ses attitudes et ses changements d’humeur constants ?

Cette étrangeté, ce mystère qui plane tout au long du roman n’est pas sans rappeler le sentiment identiquement vécu dans la lecture du Village perdu / Camilla Sten 2019.

Cadence infernale

Les chapitres très courts, rythmés et le roman en deux parties avec ce voyage entre passé et présent, plongent le lecteur dans une folle traversée de secrets bien enfouis.

Camilla Sten qui est la fille de la célèbre romancière Viveca Sten, qui, après avoir écrit une série pour la jeunesse à quatre mains avec sa mère (L’île des disparus, Michel Lafon), n’est pas en reste dans ce nouvel opus captivant et haletant.

Hélène Monin