Adler-Olsen, Jussi ; traduit du danois par Caroline Berg
Policier & Thriller
Paris : Albin Michel, 2022, 551 pages, 22.90 €
🙂 🙂 🙂 La salière de la peur
Qu’est-ce qu’on a pu l’attendre, celui-là ! C’est que le gros trimestre d’attente en plus a paru long. On était même un peu inquiet. Jussi Adler Olsen a aujourd’hui 72 ans et cet opus est le neuvième et avant-dernier volet de la série consacrée au désormais (très) célèbre département V. Le dernier chiffre connu des ventes globales de ses romans était de 18 millions d’exemplaires dans une multitude de langues au moment de la sortie de Victime 2117, le précédent. Remarquable !
Une mécanique qui fonctionne plein pot
Les grandes lignes de ce nouveau roman dévoilées dans le quatrième de couverture mettent d’emblées l’eau à la bouche : « Alors que le département V traverse une sale période, le suicide d’une femme oblige l’équipe de Carl Morck à replonger dans une affaire non-résolue de 1988. Et ils découvrent avec stupeur que depuis trente ans, un tueur particulièrement rusé choisit avec une régularité effrayante une victime et l’élimine en déguisant le meurtre en accident ou suicide. A chaque fois sur le sol, un petit tas de sel ». Natrium Chlorid, le titre en danois, chlorure de sodium ou sel (de cuisine) pour nous. La mécanique Olsen, désormais bien connue, fonctionne plein pot. Les deux derniers titres, Selfies et Victime 2117, s’étaient écartés quelque peu du schéma de base des précédentes histoires en réduisant l’importance du fonctionnement du département V et des relations souvent orageuses, parfois cocasses des membres de l’équipe. Dans ces derniers, le focus avait plutôt été mis sur des épisodes extrêmement dramatiques vécu par Rose et Assad, reléguant quelque peu le ressort « cold case » à l’arrière-plan. Ici, on revient à une structure de narration plus proche des 4 premiers opus avec les trois ressorts habituels : l’enquête proprement dite, la vie au sein du département V (et en dehors) et une critique en règle des dysfonctionnements de la société danoise.
Un deuxième et passionnant niveau lecture
Et ça fonctionne, encore une fois, admirablement bien. Dès les premières pages, vous êtes englué dans la toile d’araignée tissée par l’auteur. Ce roman, plus que les autres, est un redoutable page turner auquel il est difficile de résister. Je dis « plus que les autres » parce qu’il me semble qu’il y a moins de noirceur et plus de suspense traditionnel ici, même si l’affaire à résoudre est loin d’être une badinerie. Par contre, Olsen, parallèlement à l’enquête principale, développe un deuxième et passionnant niveau de lecture duquel je ne dirai rien, préservation du plaisir de lecture des lecteurs et lectrices oblige. Sachez cependant que l’auteur met en place une énigme labyrinthique, complexe et hautement addictive. Les fidèles des pérégrinations du Département V comprendront rapidement … Donc, pour la première (et sans doute la dernière) fois, il met en place le thème de son prochain roman. Et, de vous à moi, cela va être une torture d’attendre le dernier acte d’une remarquable saga policière.
De toute manière, les afficionados de ce formidable auteur danois ont déjà fondu sur ce nouveau roman. Et ils ont mille fois raison !