Bec, Christophe (scénario) ; Raffaele, Stefano (dessin) ; d’après la nouvelle de Cixin Liu; couleur Marcelo Maiolo
Bande dessinée
Paris : Delcourt, 2022, 123 pages, 21,90 €
🙂 Les futurs de Liu Cixin
Depuis la prévision de la mort de notre soleil, l’humanité s’activait à sa survie dans un projet sans précédent : piloter la Terre jusqu’à la constellation du Centaure afin d’y trouver la nécessaire chaleur de son étoile. Un voyage long de 2500 années terrestres… (présentation de l’éditeur)
Liu Cixin, star chinoise de la science-fiction chinoise
Figure incontournable de la science-fiction contemporaine, Liu Cixin s’est fait connaître chez nous avec la traduction de son premier roman, Le problème à trois corps, paru dans la collection « Exofictions » des éditions Acte Sud. Véritable star dans son pays d’origine, l’auteur a vu son œuvre être adaptée sur de nombreux supports. Pour son entrée dans l’univers de la bande dessinée, les éditions Delcourt, en étroit partenariat avec la maison d’édition chinoise détenant les droits de l’œuvre de l’auteur, voient les choses en grand. Pas moins de 15 albums réalisés par 32 artistes confirmés de 11 nationalités différentes sortiront dans les années à venir. Un projet pharaonique dont nous pouvons découvrir aujourd’hui la première livraison, assurée pour l’occasion par le duo, bien connu pour la série Prométhée, Bec (au scénario) et Raffaele (au dessin).
Hard science-fiction
Les différents tomes qui constitueront cette série, seront des adaptations de nouvelles de l’auteur. Toutes explorent un avenir possible de l’humanité. Pour cette Terre vagabonde, l’auteur imagine un lointain futur où le soleil est en passe de mourir et donc de détruire la Terre. Les humains, ayant apparemment fait le constat qu’aucune autre planète n’était adaptée à leur survie, décident de la faire migrer vers un autre système solaire selon une technologie monstre qui permet de transformer notre planète bleue en véritable vaisseau interstellaire. Si l’hypothèse de départ peut paraître farfelue, elle est pourtant traitée par une approche relativement rationnelle et étayée. Malgré un certain pédagogisme, les amateurs de science spéculative sont ainsi servis, le récit multipliant les détails techniques et les explications scientifiques.
Sense of wonder
Mais cet aspect n’en oblitère pas un autre, fondamental également dans le genre de la science-fiction : à savoir l’émerveillement du lecteur face à l’immensité de l’espace et à sa beauté fascinante. Sur cet aspect, l’album est généreux et Stefano Raffaele, pas toujours à l’aise avec les visages humains, révèle tout son talent de dessinateur lorsqu’il élargit le plan et propose, parfois sur des quadruples pages particulièrement impressionnantes, des paysages à couper le souffle. Une réussite indéniable de cette Terre vagabonde.
Belle mise en bouche
Premier volume d’une longue série qui, à la manière du Conan chez Glénat, explore l’œuvre et l’imaginaire d’un auteur emblématique, La Terre vagabonde n’est pas un album parfait. Parfois un peu trop didactique, d’un dessin souvent inégal mais présentant des pages d’une incroyable fulgurance, il offre néanmoins une belle porte d’entrée dans l’univers de la star chinoise de la science-fiction. Accessible et généreux, il convient tout autant au lecteur néophyte qu’à l’amateur du genre.