Santullo, Rodolfo (scénario) ; Jok (dessin) ; d’après la nouvelle de Liu Cixin ; couleur Mey et Jok ; traducteur de l’adaptation Lauren Triou
Bande dessinée
Paris : Delcourt, 2023, 89 pages, 19.99 €
🙂 🙂 L’art, la seule raison d’être d’une civilisation
Alors que Yan Dong, artiste sculpteur amateur chinois, participe à un concours de sculptures sur glace, une entité extraterrestre colossale débarque des tréfonds de l’univers. Se présentant comme une artiste des températures extrêmes, elle voyage de planètes en galaxies afin de perfectionner son art et de parsemer l’immensité de l’espace de ses œuvres de glace. Une discussion entre ces deux artistes inspire l’extraterrestre qui décide de façonner une nouvelle œuvre pour la Terre, en puisant la ressource principale de ses œuvres : l’eau. Au fil de cette création, les océans s’assèchent et les ressources mondiales d’eau s’évaporent rapidement. Comment éviter l’extinction d’une planète ?
Les vastes mondes de Liu Cixin
Considéré comme l’un des auteurs de science-fiction les plus célèbres de Chine, Liu Cixin ravit l’imagination de moult lecteurs grâce à ses univers inondés de science et de philosophie. Outre sa brillante trilogie du Problème à trois corps, il publie bon nombre de nouvelles qui dévoilent tant de problématiques et de questions sociétales que les hommes tentent de résoudre en utilisant une technologie évoluant sans cesse, tout en conservant une touche de morale. Depuis 2022, un projet de mettre en images une quinzaine de ces nouvelles naît aux éditions Delcourt, qui propose ce quatorzième tome, L’Océan des rêves.
Dans ce tome, l’auteur développe un thème basé principalement sur la place de l’art dans les sociétés. Malgré des milliards d’années-lumière qui séparent deux entités issues de deux civilisations diamétralement opposées, celles-ci parviennent à trouver un point commun dans l’art. L’ouvrage tente de se questionner sur la place que possède, ou devrait posséder, l’art dans les civilisations, au fil de plusieurs discussions entre l’homme et l’extraterrestre. D’un côté, ce dernier considère l’art comme le point culminant d’une société et n’hésite pas à sacrifier les vies d’une planète afin de mettre à bien son projet artistique. D’un autre, l’homme tâche de raisonner cette entité extraterrestre, tentant de démontrer d’autres buts qu’une société tente d’atteindre. L’ouvrage offre plusieurs discussions teintées d’une dose de philosophie, permettant au lecteur de se questionner sur un sujet des plus intéressants.
Outre ces questions artistiques, l’ouvrage se perd également dans une lutte contre un extraterrestre dont la puissance et les desseins effraient une planète entière. L’auteur se lance dans une trame narrative où les hommes tentent de raisonner, d’attaquer la créature, ou encore de détruire une œuvre d’art qui puise toutes les ressources en eau de la planète. Cette deuxième partie ne possède pas tout l’intérêt d’une première plus philosophique, mais permet néanmoins de conclure cette histoire dans un léger happy ending.