Runberg, Sylvain (scénario) ; dessin et couleur Montllo, Miki (dessin et couleurs) ; d’après la nouvelle de Liu Cixin
Bande dessinée
Paris : Delcourt, 2022, 122 pages, 21,90 €
🙂 SF légère pour premier contact
Treize des plus riches personnalités du monde engagent un tueur à gages pour éliminer trois personnes parmi les plus pauvres. Hua Tang accepte le contrat mais s’interroge sur leur dangerosité. Est-ce lié aux étranges distributions populaires de sacs remplis de millions ? Ou bien aux extraterrestres qui se font appeler les Dieux et survolent inlassablement notre Terre depuis cinq ans ? (présentation de l’éditeur)
Liu Cixin, star mondiale de la science-fiction chinoise
Entamée en mars dernier, cette série d’adaptation de nouvelles de Liu Cixin, figure incontournable de la SF contemporaine, compte déjà quatre volumes. Sur le principe d’un tome pour une histoire confiée à une équipe d’artistes, la collection se veut être une exploration des futurs possibles pour l’humanité : après la transhumance planétaire (tome 1 chroniqué ici), la sécheresse endémique (tome 2 chroniqué ici) et les guerres galactiques (tome 3 chroniqué ici), cette nouvelle livraison aborde la question du contact avec une civilisation extraterrestre avancée.
Un album maîtrisé…
Avant tout, soulignons le très beau travail de l’équipe aux manettes. Sylvain Runberg (scénariste prolifique notamment à la tête de l’adaptation en BD de Millénium) signe une adaptation parfaitement maîtrisée qui, malgré les multiples temporalités et enjeux qui émaillent le récit, ne perd jamais le lecteur. De son côté, le dessinateur espagnol Miki Montlló propose un dessin très agréable et dynamique plutôt tourné vers un trait humoristique qui n’est pas sans rappeler le travail de José Luis Munuera.
Pour un scénario faiblard
Malheureusement, l’excellent travail de cette équipe ne parvient pas à compenser la relative faiblesse du scénario imaginé par Liu Cixin. L’auteur est évidemment connu pour proposer une science-fiction grand public, il n’empêche que l’on peut regretter le manque d’originalité de l’ensemble. Les motivations des extraterrestres au cœur de l’intrigue paraissent complètement fumeuses et le mystère de départ (les intrigants sac de billets distribués à l’humanité entière) trouve une résolution aussi improbable que risible. Le lecteur un peu habitué au genre n’y trouvera assurément pas de quoi satisfaire son appétit même si la manière d’associer la question de l’avenir de l’humanité au parcours singulier d’un personnage ou d’une famille, l’une des caractéristiques communes les plus évidentes des histoires de l’auteur, sauve le récit d’un complet naufrage.
Un tome sans surprise
Ce quatrième tome souffre à peu près des mêmes maux que ses prédécesseurs. Échappant à la parfaite indifférence, notamment grâce au très bon travail de l’équipe en charge de l’adaptation, mais s’appuyant sur un scénario présentant d’indéniables faiblesses, ce Nourrir l’humanité se parcourt sans déplaisir particulier mais ne s’adresse assurément pas aux amateurs assidus de SF. 15 albums sont prévus, reste à voir maintenant si le grand public et le lecteur occasionnel du genre suffiront à soutenir un tel projet éditorial.