Makkai, Rebecca ; traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Caroline Bouet
Littérature générale
Paris : 10/18, 2021, 669 pages, 9.60 € (Littérature étrangère)
🙂 🙂 Chronique du sida à Chicago
Chicago, années 80. Yale et sa bande d’amis sont professeurs, artistes ou intellectuels, mais aussi gays et militants. Hélas, le sida commence à faire des ravages parmi les homosexuels. Comment évoquer ou taire son orientation sexuelle ? Quelles conséquences sur la vie sociale, professionnelle, si prompte à juger des individus dépravés et contagieux ? Faut-il se faire tester ? S’en ouvrir à son partenaire ?
Roman fleuve suivant deux personnages
Lire un roman fleuve consacré aux années sida ne laisse forcément pas indemne. Rebecca Makkai nous propose de suivre le parcours, étalé sur plusieurs décennies, de certains représentants de la communauté gay. La partie eighties est plutôt consacrée à Yale, galeriste, et à ses copains, qui évoluent dans le milieu de l’art, où les enterrements succèdent aux sorties.
La chronologie plus récente du récit, l’année 2015, se centre sur Fiona, qui n’est autre que la sœur de Nico, le meilleur ami de Yale. Elle sera le témoin de leur vie, de leur lutte contre un virus invisible, dont on connaît encore si peu de choses en 1985. Fiona est un peu ce point de vue extérieur similaire au nôtre et à celui de Rebecca Makkai.
Cette construction du récit, d’abord intense (après un début un peu laborieux tout de même) puis participant plus du constat, est bien menée par l’auteure. Entendez-moi : Rebecca Makkai ne tombe pas dans le pathos démonstratif, et ça, ça fait du bien pour tenir la longueur – 668 pages tout de même. Elle sait y faire pour dresser des portraits psychologiques attachants. « Les optimistes » est également une belle immersion dans les années Reagan.