Pouy, Jean-Bernard et Raynal, Patrick
Policier & Thriller
Paris : Albin Michel, 2018, 569 pages, 23.90 €
🙂 La vengeance aux deux visages
Arrêté sans être jugé pour un crime qu’il n’a pas commis, Erwan Le Dantec croupit durant 14 ans dans une geôle guyanaise. Il a pour seul compagnon de captivité un illuminé qui prétend avoir traficoté avec Escobar et détenir un trésor caché. Durant 14 ans, Le Dantec va ressasser et hurler son désir de vengeance envers les trois traîtres qui ont bouleversé sa vie et son amour avec Olivia, sa fiancée.
Transformé physiquement et devenu Lord Gwynplaine, Le Dantec va mettre en œuvre la vengeance qu’il a savamment orchestrée. Les cadavres vont pleuvoir au fil de ses pérégrinations parisiennes.
Un roman noir à quatre mains, et quelles mains ! Le créateur du Poulpe et auteur de « Ma zad », Jean-Bernard Pouy, et Patrick Raynal, longtemps directeur de la Série Noire. Les deux compères ont commis bien d’autres actes noirs dans leur carrière éditoriale.
Leur collaboration sur « Lord Gwynplaine » donne une intrigue enlevée et jubilatoire. La référence au « Comte de Monte-Christo » est pleinement assumée dans la narration (le nom d’Edmond Dantès, le compagnon de captivité et la révélation d’un trésor d’un abbé, …). Au 19è comme au 21è siècle, la corruption politique et l’argent mènent le monde. Le nom de « « Gwynplaine » fait référence à l’ouvrage de Victor Hugo, « L’homme qui rit », qui était un plaidoyer politique. Il est à noter que la victime du complot, Dantès/Le Dantec, devra se parer d’atours et d’un bon compte en banque pour réussir. Pouy et Raynal n’ont pas la plume et la finesse de Dumas, et il est parfois difficile de voir un récit aussi similaire transposé dans le Paris actuel. Le défi est-il né autour d’un verre tardif, lorsque les deux écrivains ont évoqué leur amour pour une intrigue fabuleuse et toujours actuelle sur le fond ? Quoi qu’il en soit, le résultat se lit sans passion ni réel déplaisir.