Duval, Fred & Pécau, Jean-Pierre (scénario); dessin Colin Wilson; couleur Jean-Paul Fernandez
Bande dessinée
Paris : Delcourt, 2019, 55 pages, 14.95 €
🙁 Les dernières heures du western
États-Unis, début des années ‘30…Hollywood étend son emprise sur le cinéma mondial, le fric coule à flots à Beverly Hills. Sous le vernis du glamour des soirées rassemblant réalisateurs, producteurs et vedettes de l’écran, sommeille une réalité nettement moins connue. Et pour cause : si le grand public devait apprendre jusqu’à quels désordres peuvent mener les caprices de certaines stars, peut-être celles-ci vacilleraient-elles sur leur piédestal ? Alors que d’importantes sommes d’argent sont parfois en jeu, il est effectivement quelques acteurs qui n’hésitent pas à déserter les tournages intempestivement, pour suivre une belle blonde, se vautrer dans l’alcool ou entamer une tournée des casinos. Dans de pareils cas, les producteurs se tournent vers des détectives privés et autres mercenaires pour urgemment remettre la main sur leur vedette. Nevada Marquez est l’un de ces mercenaires, et la mission que lui confie Louise Hattaway, une productrice avec qui il semble partager un passé tumultueux, va le mener au-delà de la frontière mexicaine, à la recherche de Mac Nabb, alias « L’étoile solitaire », un acteur de western récemment disparu….
Scénario plan-plan
Scénarisé par les briscards du métier que sont Pécau et Duval, dessiné par le tout aussi blanchi sous le harnais Colin Wilson, ce premier volume de « Nevada » laisse comme un goût de bâclé en bouche. Mi-polar, mi-western, le récit coche un grand nombre de cases obligatoires d’une histoire de cow-boys plan-plan: enlèvement, échanges de coups de feu, chevauchées, passage de frontière, quelques belles jeunes femmes farouches, une prise d’assaut de forteresse et un (pseudo-) duel dans une mine désaffectée…Ok, me rétorquerez-vous, mais quand même, il y a des voitures et le cheval du héros est remplacé par une moto. Admettons, mais voilà qui se révèle insuffisant pour enlever un récit et le porter vers l’originalité. Du début à la fin, les péripéties, attendues et convenues, s’enchaînent artificiellement, ne créent aucun suspense ni n’insufflent l’envie de tourner les pages. Le personnage de Nevada, dans le genre mauvais garçon au grand cœur, lesté d’un passé militaire et d’histoires d’amour contrariées, peine à susciter l’adhésion tant le moindre de ses traits de caractère semble stéréotypé. Heureusement, il reste le dessin de Wilson qui, comme le titre et certains éléments de scénario de cet album, réveillera des souvenirs de lecture aux amateurs de Blueberry…qui préfèreront retourner en courant à l’original. Vingt minutes de lecture oubliées dès le lendemain.