Paris : Delcourt, 2021, 56 pages, 14,95 € (Histoire et histoires)
🙂 🙂 🙂 Aux racines familiales
Ecrivain américain à succès, Jim Sullivan débarque dans un petit village perdu sur une côte irlandaise. Son idée ? S’imprégner des lieux et tenter d’y écrire son prochain livre, au sujet on ne plus indiqué puisqu’il s’agit de retracer l’histoire de sa famille, originaire de ces terres battues par les vents et la pluie. Jim n’a jamais connu que les Etats-Unis, c’est la première fois qu’il voit l’Irlande et ce village d’où sa lointaine ancêtre a émigré en 1847.
Rude traversée
Jeune femme célibataire, c’est à Gallway que Mary-Maë embarque sur le Janet Johnson, direction Québec, en compagnie de dizaines d’autres de ses compatriotes. La traversée sera rude, et les passagers, mal nourris et dépourvus de soins médicaux, n’auront pas tous la chance d’accoster la terre promise. Saine et sauve mais sans aucun point de chute à Québec, Mary-Maë pourra compter sur la solidarité de quelques bonnes âmes, sur sa chance et son tempérament combatif pour s’installer et gagner sa vie. De la combativité, il lui en faudra car en plus d’être célibataire, la jeune femme ne peut plus cacher sa grossesse….
Une fluidité bluffante
Premier volume d’un cycle prometteur, « Mary Maë » déploie une intrigue déjà complexe, aux multiples personnages et variant les époques et les lieux. Là où certains se seraient contentés d’une présentation des personnages et du cadre, Rodolphe et Marc-Renier nous font cheminer au gré des pérégrinations de Sullivan en Irlande et de son ancêtre au Québec. Car le scénario de Rodolphe présente cette originalité d’alterner les passages consacrés au voyage et à la vie de Mary-Maë avec des pages où nous suivons le quotidien et les recherches de l’écrivain pour mener à bien son récit. Les deux intrigues témoignent de l’imagination féconde et du savoir-faire scénaristique de Rodolphe et, par la grâce du dessin de Marc-Renier -superbe, précis, réaliste, évocateur et parfaitement éclairé par les couleurs de 1ver2anes (si, si, c’est bien le nom du (de la?) coloriste)- s’enchâssent et se répondent avec une fluidité bluffante, au point que l’on éprouve très vite le sentiment de suivre un récit unique en lieu et place des classiques deux intrigues qui devraient finir par se rejoindre. On quitte les personnages avec regret, tenaillé par l’envie d’en savoir plus, curieux de voir comment les mystères semés au long de ces 56 pages vont se résoudre…vivement la suite!