Monfils, Nadine
Policier & Thriller
Paris : Robert Laffont, 2025, 209 pages, 14,90 €

🙂 🙂 🙂 La communauté des pinceaux

Imbroglio surréaliste

Dans ce 8ème opus, le peintre René Magritte et son épouse Georgette se rendent à Cadaquès, invités par Salvador Dali, qu’ils avaient rencontré lors d’un précédent voyage en Espagne et à qui Georgette avait raconté qu’elle et son mari aimaient mener des enquêtes. N’ayant pas confiance en la police, le peintre espagnol leur demande donc d’enquêter car un meurtre vient d’être commis, reprenant la mise en scène d’un de ses tableaux, et la victime n’est autre que le curé du village. A peine ont-ils commencé leurs investigations, qu’un deuxième cadavre est découvert. Une femme cette fois, dont la position rappelle encore un tableau de Dali. Le meurtrier ne va pas s’arrêter là. Georgette et Magritte non plus.
Nadine Monfils est incontestablement la reine belge du cosy crime. Un crime (ou plusieurs) y est toujours présent mais ce sont surtout sur les interactions entre les personnages, souvent bien sympathiques, que l’accent est mis. Des personnages hauts en couleurs, que parfois tout oppose. La rencontre entre Magritte et Dali est truculente. Le sérieux du premier (Magritte serait d’ailleurs resté toute sa vie durant, un homme simple et humble) s’opposant à l’excentricité, l’exubérance, l’égo démesuré du deuxième. Il en va de même pour Georgette et Gala, la compagne de Dali à l’époque. Nous rencontrerons ainsi Camillo Vega, commissaire de police chargé de l’enquête. Pas facile, avec ces deux détectives arrivés de Belgique et les frasques de Dali. Et des suspects, il y en a. Serait-ce le nouveau curé, un peu trop avant-gardiste par rapport au père assassiné, qui était très austère, ce qui ne plaisait pas à tout le monde au village, surtout pas à la femme d’ouvrage chargée d’entretenir l’église ? Celui qu’on appelle « le bedeau », sorte d’idiot du village (excusez-moi, je n’aime pas cette expression) ? Diego Lopez, qui n’était autre que l’amant de la deuxième victime, ou encore Carmella, son épouse trompée ?
Comme dans toute la série, et dans le cosy crime en général, l’humour est présent. Les péripéties et les dialogues sont drôles. On y trouve beaucoup d’expressions belges, complétées par des annotations en bas de page pour les expliquer au lectorat non belge. Par exemple : « En Belgique, on dit qu’on prend les poussières, ce qui est logique. Vous autres en France, vous les faites… Cherchez une fois l’erreur ». Ajoutons que l’action se déroule toujours dans des lieux pittoresques, se révélant dans le choix des titres : Nom d’une pipe ! (Bruxelles), À Knokke-le-Zoute, Les fantômes de Bruges, Liège en eaux troubles, Leffe-toi et marche, Charleroi du crime, À Montmartre.

Nadine Monfils, une écrivaine rigoureuse

Exigeante, Nadine Monfils s’est vraiment documentée, comme en témoigne sa bibliographie. Mais elle dit, en préface : « Toutes les anecdotes à propos de Dali et de Magritte sont vraies, ainsi que celles qui concernent des personnages ayant existé (Gala, Paul Eluard, Max Ernst, Camille Goemans, Luis Bunuel, Garcia Lorca…). Ce qui relie ces deux génies de la peinture ?  Ils aiment perturber l’œil et l’esprit. Mon roman est le fruit de nombreuses recherches, tant dans les livres que dans les interviews, etc.  Ceci n’est pas un roman historique, donc n’y cherchez pas des concordances de dates, ni la p’tite bête. Les meurtres de la gare de Perpignan ont eu lieu à partir de 1995 et Dali est mort en 1989. J’ai choisi de mêler la réalité à la fiction, parce qu’être écrivain, c’est aussi aimer la liberté. Le livre est encore un des seuls lieux où tout est permis. Jusqu’à quand ?  Et bien sûr, l’intrigue sort de mon cerveau un peu fou. Mais comme le dit Dali, l’unique différence entre un fou et moi, c’est que je ne suis pas fou ».
Il convient de souligner que Nadine Monfils a initié sa série non sans avoir demandé l’autorisation aux ayants-droits de Magritte. Ses livres sont d’ailleurs en vente à la boutique officielle du Musée et dans celle de la grand-place de Bruxelles. Cependant, elle n’a jamais pu le rencontrer personnellement. À contrario, elle a pu rencontrer Georgette dans la maison de Bruxelles où le couple a vécu pendant des années. Maison souvent présente dans les récits, d’ailleurs.
Vous l’aurez sans doute compris, moi, j’aime beaucoup. A découvrir, pour ceux qui ne connaissent pas.
Bernadette Agostini

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