Stenbeck, Ben (scénario & dessin); couleur Dave Stewart; traduction Laurent Queyssi
Bande dessinée
Paris : Delcourt, 2024, 120 pages, 18,50 €
🙂 🙂 Se battre ou mourir
Dans un monde postapocalyptique, un enfant sauvage tente de survivre en échappant aux tribus nomades cannibales, aux bêtes sauvages affamées et à quelques artéfacts mécaniques du passé aux desseins obscurs, mais malveillants. De péripéties en brèves accalmies, cet enfant croise le chemin de Attis, une IA archéologue qui termine ses recherches sur la Terre. Cependant, outre ses occupations professionnelles, elle semble s’intéresser aux humains et décide d’aider cet enfant, dont l’âme ne regorge pas encore de sauvagerie et de violence.
Retour dans un monde désolé
Depuis quelques temps, les synopsis apocalyptiques trouvent leur place dans le vaste monde culturel. De la littérature jusqu’à la sphère cinématographique, les auteurs ne manquent pas de possibilités dans ces atmosphères qui permettent toutes les folies. Il s’avère donc complexe d’offrir des histoires originales et parfaitement construites, au vu de cette masse de comparatifs possibles. Dans son premier ouvrage réalisé en solo, Ben Stenbeck propose une histoire sans grande prétention, qui laisse certes moult interrogations en suspens, mais qui possède également une certaine consistance, sans tomber dans tous les clichés apocalyptiques et sans ennuyer le lecteur. Nous suivons quelques péripéties d’un enfant sauvage qui tente de trouver les ressources nécessaires pour survivre dans un monde où le cannibalisme s’est intégré aux mœurs, où la violence inonde le quotidien et où les faibles ne méritent guère de survivre.
Ben Stenbeck ne s’épuise pas à contextualiser son épopée. Certes, la lecture ne se perd donc pas dans de longues explications sur les origines de la destruction de la Terre ou sur l’évolution de ces civilisations nomades cannibales. Cependant, le lecteur se heurte également à un mur de questionnements sans réponses : quelles sont ces entités intelligentes, au demeurant extraterrestres, qui s’occupent d’une partie de la civilisation ? Quid de la conclusion de son histoire, qui semble se terminer au milieu de nulle part ? D’où vient cette monstrueuse créature qui semble émerger d’un passé civilisé et s’en prend aux humains survivants ?
Les dessins parviennent admirablement bien à rendre cette atmosphère de désolation et de violence, ce qui demeure la plus grande force de l’ouvrage. Dave Stewart, coloriste actif pour DC Comics ou encore Marvel Comics, évolue parfaitement dans cet univers violent et sanglant.
En résumé, Poussière d’Os demeure une lecture divertissante, malgré la simplicité du scénario. Le point fort de l’ouvrage se trouve indéniablement dans les graphismes et les couleurs, qui parviennent à installer le lecteur dans cet univers apocalyptique. Les nombreuses questions qu’engendre l’histoire laisseront certainement de nombreux lecteurs sur leur faim. En espérant qu’un second tome viendra compléter les lacunes scénaristiques de l’ouvrage, sans quoi un unique volume ne parviendra pas à démarquer véritablement ce bouquin de la masse des créations apocalyptiques et postapocalyptiques.