Pécau, Jean-Pierre (scénario); Suro, Michel (dessin) ; couleurs Scarlett
Bande dessinée
Toulon : Soleil, 2023, 56 pages, 15,50 €
🙂 🙂 Élémentaire mon cher Watson
Londres, printemps 1894. Sur les rives de la Tamise, des badauds découvrent un présent abominable apporté par le courant du fleuve : le cadavre d’une jeune fille, les orifices cousus, affublé d’un masque à l’esthétique africaine. La police accuse rapidement la communauté jamaïcaine et ses pratiques religieuses issues du vaudou, retardataires et sacrificielles. Néanmoins, le célèbre détective Sherlock Holmes décèle davantage de détails infirmant les conclusions hâtives des forces de l’ordre. Avec l’aide de son fidèle John Watson, il débute une nouvelle enquête où meurtres et mystère se mélangent à l’art et l’anarchisme.
Retour dans les méandres de l’histoire
Dans cette nouvelle aventure apocryphe, les auteurs développent une intrigue se déroulant dans les rues de Londres des dernières années du XIXe siècle. Ils dépeignent convenablement cette atmosphère particulière, tant dans la présentation des mœurs que dans celle des mouvements contestataires (anarchisme, grèves des ouvriers, etc.) ou du monde artistique de l’époque. L’une des particularités de cet ouvrage réside précisément dans l’insertion d’événements et de personnalités de ces temps anciens. Par exemple, du côté des criminels célèbres, le nom de Jack l’Eventreur se chevauche à celui de Jack Talons-à-Ressort.
Le monde artistique trouve une place confortable dans cet ouvrage. L’intrigue tournant autour de masques prétendument africains, les deux principaux protagonistes se lient à Félix Fénéon, critique, journaliste et collectionneur d’art français proche des mouvements anarchiste et libertaire de la fin du siècle. Cette nouvelle relation leur ouvre le monde de l’art, leur permettant de rencontrer Georges Darien, Henri de Toulouse-Lautrec ou encore Oscar Wilde. L’aventure parvient à évoluer convenablement dans cette atmosphère historico-artistique, offrant aux lecteurs un suspense grandissant dans les méandres de l’anarchisme et de la débauche, et une curiosité jouant sur ses connaissances de cette époque révolue.
L’esthétique de cet ouvrage propose des dessins légèrement brouillons, qui peuvent déranger certains lecteurs. Cependant, les auteurs se sont inspirés des visages réels des diverses personnalités rencontrées, ce qui donne un charme non négligeable à l’œuvre finale.
En finalité, ce premier ouvrage de Sherlock Holmes offre une aventure prenante et riche en suspense. Un dernier point négatif se trouve dans le personnage du docteur Watson, qui perd tout intérêt par les inepties qu’il déblatère. Les lecteurs désirant assouvir leur curiosité devront néanmoins attendre : cet ouvrage est le premier d’une série dont le nombre de tomes demeure inconnu …