New York fin des années ‘20. Charles, dit « Charlie », possède le pouvoir de repousser -par sa seule présence- les monstres les plus effrayants. S’il n’en avait pas immédiatement perçu l’intérêt, cette faculté lui avait pourtant sauté aux yeux dès le début de la crise financière de 1929 : « Le pays était plongé dans le chaos et les créatures de tout poil sortaient de leurs cachettes et s’en donnaient à cœur joie ». Appelé par une riche veuve pour retrouver la lamie responsable de la mort de son mari, Charly mène son enquête et finit par capturer le monstre, mais celui-ci se transforme en jeune fille à l’apparence inoffensive. Décidé à remettre le monstre à sa commanditaire, Charly croise par hasard la route d’une troupe de monstres de foire…
Un fantastique assumé
Premier volume d’une nouvelle série scénarisée au millimètre par Corbeyran et superbement dessinée par Emmanuel Despujol, « Charly » plaira aux amateurs de récits à priori réalistes qui obliquent après quelques pages vers un fantastique assumé. Volume d’ouverture oblige, l’intrigue avance piano -le temps que personnages et lieux s’installent dans l’esprit du lecteur- et se clôture en un andante parfaitement inattendu. Le cadre des États-Unis des années ’30 et les « monstres de foire » avec qui voyagent Charly et sa prisonnière donnent une chair réaliste bienvenue à l’intrigue et suscitent la réflexion (accentuation du fossé entre riches et pauvres ; rejet de la différence). L’idée d’une présence de monstres apparaissant brusquement dans la réalité cartésienne des humains (on se croirait chez Jean Ray ou Lovecraft) fait puissamment mouche, la magie du trait de Despujol rendant les créatures parfaitement repoussantes. C’est peu dire que l’on s’est laissé prendre par la main d’un bout à l’autre par ce récit rudement bien ficelé….vivement la suite !