Tout ce qui est en toi brûlera

Dean, Will ; traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Laurent Bury
Policier & Thriller
Paris : Belfond, 2022, 266 pages, 20 €

🙁 Séquestration en rase campagne

Thanh Dao a quitté illégalement son Vietnam natal pour rejoindre l’Angleterre, ses universités, sa liberté. Mais le rêve a viré au cauchemar. Personne ne soupçonne qu’elle est là, prisonnière de cette ferme perdue au milieu de nulle part. Personne ne viendra la sauver.
Sept ans que la jeune femme subit les remontrances, les humiliations, les punitions de l’homme qui l’a achetée. Bien sûr, elle a tenté de s’échapper, mais comment fuir ces plaines où le regard porte jusqu’à l’infini ?
Pourtant, aujourd’hui, elle a plus de raisons de lutter que jamais. Il y a cette vie minuscule qui grandit en elle. Et cette femme, cette voisine charmante et naïve venue se présenter un matin. Une étrangère dont Thanh est convaincue qu’elle est porteuse d’espoir… (présentation de l’éditeur)

Noir, noir, noir

La séquestration n’est certainement pas un sujet original pour le lecteur de thriller ou de roman noir. Comme l’éditeur l’indique lui-même en quatrième de couverture. Le roman de Will Dean s’inscrit dans une riche tradition dont on retiendra quelques chefs-d’œuvre comme le classique Misery de Stephen King ou le bouleversant Room d’Emma Donoghue. Évidemment, invoquer un tel héritage est une arme à double tranchant : le lecteur, ainsi appâté, s’attend à un roman de même niveau. Qu’on le dise tout de suite, Tout ce qui est à toi brûlera ne nous semble pas digne de ces illustres prédécesseurs.
Du bon et du moins bon
La force du roman est indéniablement de raconter le récit à travers les yeux de la victime. L’occasion pour l’auteur d’explorer le passé, les émotions de cette jeune femme au parcours plus que compliqué et de renvoyer à notre brûlante actualité. Cette focalisation permet également d’entourer son bourreau d’une aura de mystère qui renforce son caractère effrayant. Malheureusement, cela ne suffit pas à compenser les faiblesses de l’intrigue et le caractère extrêmement stéréotypé des personnages. Le bourreau, ce fermier bourru qui vénère sa vieille mère décédée, a, pour le moins, des airs de déjà vu et le comportement de la jeune femme paraît tellement prévisible qu’on peine à suivre une intrigue qui semble cousue de fil blanc. Une impression renforcée d’ailleurs par les quelques retournements de situation que tout lecteur un peu habitué au genre aura deviné bien avant leur arrivée dans l’intrigue.
Malaise
En reste un roman en demi-teinte, qui n’évite pas toujours une certaine fascination morbide pour la cruauté et l’humiliation et qui peine à maintenir l’intérêt par une intrigue trop convenue, un final raté et une absence de réflexion globale et originale sur les enjeux charriés par un tel récit. Dommage.
Nicolas Stetenfeld

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