Perry, Anne; traduit de l’anglais par Florence Bertrand
Policier & Thriller
10/18, 2018, 384 pages, 8.10 €
🙂 🙂 La fin d’un règne, le début d’un nouveau siècle
Deux semaines. Deux semaines sans pouvoir entamer un livre plus de 20 pages. Déconcentration extrême, désintérêt pour l’intrigue naissante… Le doute s’installe chez la lectrice assidue. Doute sur sa capacité à surmonter cette période creuse, et surtout à quelle échéance. Et puis arrive une vieille amie, Anne Perry. Lue à une époque avec ferveur, délaissée un (long) temps. Un nouveau titre se présente, et on se surprend à intégrer l’intrigue comme pour rien. Les pages tournent, et la moitié du livre est déjà là.
Thomas et Charlotte Pitt sont de beaux personnages, loyaux et amoureux malgré les épreuves. Certes trop lisses. Empreints de doutes, comme tout un chacun, mais un peu trop parfaits sans doute. Mais pourquoi jouer les difficiles, puisque cela fonctionne ?
Thomas, en sa qualité de directeur de la Special Branch, œuvre pour déjouer les complots des semeurs de bombes et des anarchistes. Il dirige les services secrets de Sa Majesté, en d’autres termes. Justement, il est convoqué par Sa Majesté elle-même, fait rarissime, qui dénote de l’importance de la requête. Un ami et confident cher à la Reine Victoria est décédé. Sir John Halberd, homme de valeur, a été retrouvé mort à Hyde Park, près d’une barque louée sur la Serpentine. L’endroit est connu pour abriter les amours clandestines avec des prostituées. Shocking !
La réputation de Sir Halberd est en jeu mais pas seulement. Sa Majesté l’avait chargé d’enquêter sur Alan Kendrick, un amateur de chevaux de course qui partage la passion du Prince de Galles, futur roi d’Angleterre et du Commonwealth. Cette relation inquiète la Reine Victoria, qui souhaitait s’assurer que son fils Edouard mène une existence irréprochable.
Halberd décédé, Pitt reçoit la double charge (le terme n’est pas trop fort) de découvrir s’il a été assassiné, et si le motif est lié à son enquête. Pitt ne peut que s’incliner devant une souveraine vieillie, altérée par le chagrin et la culpabilité.
Contraint à la discrétion la plus totale, Pitt ne peut s’en ouvrir à Charlotte, éloignée de ses enquêtes depuis qu’il est à la tête de la Special Branch. Le couple souffre de cette solitude respective. Et Victor Narraway et Tante Vespasia qui sont en voyage en Europe ! L’ancien directeur de Pitt, auquel il a succédé, aurait pu l’aider dans son enquête. A moins que…qu’il n’y soit mêlé d’une façon ou d’une autre ?
Anne Perry réussit encore une fois son intrigue, entre mondanités, guerre des Boers et suffrage féminin. Elle distille habilement au fil des pages des mentions d’enquêtes précédentes, de sorte que le lecteur qui la découvre pour la première fois soit aiguillé vers d’anciens titres. De quoi remettre en selle n’importe quelle lectrice en difficulté !