Leo & Rodolphe (scénario) ; Janjetov, Zoran (dessin)
Bande dessinée
Paris : Decourt, 2021, 47 pages, 12 €
🙂 🙂 🙂 Coeur océanique
Deuxième lune de Jupiter, la planète Europa recèle en son sous-sol un étonnant océan qui ne cesse d’interpeller les scientifiques terriens. Une première mission scientifique y a été envoyée mais, hormis son commandant, l’entièreté de son équipage a péri dans un accident quelques temps plus tard. La deuxième mission ne semble pas jouer de plus chance : la Terre a perdu tout contact avec ses membres depuis plusieurs jours, raison pour laquelle une troisième expédition, de sauvetage cette fois, est montée de toute urgence. Composée de deux militaires, d’un médecin, d’un scientifique et de deux pilotes chevronnés, l’équipe se révèle hétéroclite et génère très vite une ambiance peu chaleureuse.
Une SF accrocheuse, tonique et addictive
Après « Centaurus », le trio Leo, Rodolphe et Janjetov donne une nouvelle dimension à l’univers qu’il a mis en place dans les 5 tomes de ce premier cycle ressortant d’une SF accrocheuse, tonique et addictive. Vaisseaux spatiaux superbes, personnages aisément identifiables (dont certains empruntent leurs traits à des monstres sacrés du cinéma) et vêtus d’uniformes hyper-classe se retrouvent au cœur d’une intrigue mystérieuse à souhait. On pense à « The thing » de Carpenter pour la base isolée et les évènements inexplicables qui s’y produisent, ainsi qu’à toute la mythologie SF dispensée en littérature et au cinéma (les voyages interstellaires, les longues phases de sommeil artificiel de l’équipage et toutes les étapes qui guident l’approche d’une planète potentiellement menaçante). Et puis surtout, on sent la patte de Léo, l’auteur du prestigieux cycle des « Mondes d’Aldébaran », devenu un classique de la SF en bande dessinée. Le personnage de la jeune femme au physique avantageux, intelligente et au caractère bien trempé qui ouvre l’intrigue de ce premier tome, et la présence de l’océan sous-terrain sont indubitablement de son fait (et on s’en réjouit). Le trait de Janjetov (rehaussé des superbes couleurs dues à son fils) se révèle hyper-lisible : il dégage un charme à la fois classique et d’une rare modernité. Si l’idée était de rappeller le dessin de Léo dans « Aldébaran » et de garder l’esprit de cet univers tout en s’en distinguant suffisamment pour nous offrir de la nouveauté et du dépaysement, l’objectif est pleinement atteint. Une réussite, la première pierre d’un nouveau cycle très prometteur.