Paris : ActuSF, 2022; 293 pages, 10 € (Collection Les trois souhaits)
🙂 Fan attitude
Les ouvrages qui dissèquent l’œuvre du grand écrivain de l’horreur se comptent par dizaines, même sans prendre en compte les multiples éditions en langue anglaise qui ne passent pas la barrière de la traduction. C’est la rançon de la gloire des plus grands auteurs. Chez les fans, chaque nouvelle parution entraîne une irrépressible envie – que dis-je ? une urgence ! – de se procurer l’opus séance tenante. Avec quelques fois, la lecture finie, une pointe de déception. Non pas tant par l’ouvrage lui-même mais plutôt par le manque d’informations nouvelles qu’il est possible d’y glaner.
Le guide proposé par Yannick Chazareng ressort malheureusement de ce constat.
Néanmoins, il peut se révéler indispensable pour tout lecteur qui ne se serait pas encore aventuré dans un des romans du Maître de Bangor. Il fonctionne en effet comme une parfaite porte d’entrée sur l’univers (ou le multivers) propre à l’auteur.
Pour les afficionados de la première heure, le guide a plutôt une saveur de réchauffé, un peu comme si nous étions invités à revoir, en 300 pages, tout ce que nous savons déjà sur l’auteur. Cette mise en perspective ravive des moments délicieux, des souvenirs parfois traumatiques liés à la lecture des horreurs de tonton Steve. Mais cela ne va – malheureusement ? – pas plus loin.
Yannick Chazareng est un fan absolu, aucun doute ne peut subsister à ce propos. Tellement fan, peut-être, qu’il a rédigé son guide de manière exaltée et enthousiaste, sans tenir compte d’une structure, d’un découpage, qu’il aurait mieux fallu penser.
Hommage appuyé
Après un exposé biographique et une liste des dix incontournables de l’auteur (mais n’avons-nous pas tous notre propre liste de favoris ?), le guide offre une plongée dans ses livres, en rappelant pour chacun la trame narrative ainsi que les sources qui ont présidé à leur création. Les recueils de nouvelles et les romans signés Bachman ne sont pas oubliés.
Ensuite, Yannick Chazareng revient sur les adaptations visuelles des œuvres, en soulignant la trahison dont elles s’affublent par rapport au sujet original et pousse le détail jusqu’à nous indiquer les jeux vidéos tirés de l’univers de King.
Toutes ces données sont entrecoupées d’interviews de traducteurs, d’essayistes, de webmasters, d’auteurs présentés comme les héritiers du genre. Entreprise louable mais les personnalités confidentielles des personnes questionnées (à part Cédric Sire, Jean-Daniel Brèque, Marie de Prémonville) empêchent le lecteur de participer à l’enthousiasme de leurs propos, pour beaucoup convenus d’ailleurs.
“Le guide Stephen King”, qui jouit d’une couverture pour le moins originale (les titres des œuvres empruntant les traits du visage de l’auteur américain) et d’un prix défiant toute concurrence ne constitue pas pour autant l’ouvrage ultime consacré au romancier.
C’est un hommage appuyé d’un fan dont l’intérêt sera inversement proportionnel aux connaissances des lecteurs sur le sujet.