Baum, Lyman Frank ; traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Maxime Le Dain
Fantasy
Paris : Bragelonne, 2025, 224 pages, 16.95 €

🙂 🙂 🙂 Solides fondations

Qui ne connaît pas encore ce récit fondateur du conte américain ? Que ce soit par les innombrables éditions qui se sont succédé durant tout le 20° siècle ou par la légendaire adaptation de Victor Fleming en 1939 pour le cinéma, « Le Magicien d’Oz » aura bercé l’imaginaire de plusieurs générations d’enfants.
Lors d’une violente tempête, Dorothy et son chien sont arrachés à leur Kansas natal et propulsés au pays d’Oz, un endroit fantasmagorique présidé par un magicien aux pouvoirs extraordinaires. Sur sa route, la petite fille fait la connaissance d’un épouvantail (qui désire être doté de cervelle), d’un robot-bûcheron en fer-blanc (qui se languit d’un cœur battant dans sa poitrine) et d’un lion froussard (qui rêve de ne plus l’être). Elle-même ne demanderait pas mieux que de rejoindre sa maison sur terre. Le magicien qui réside dans la très lointaine Cité d’Émeraude pourrait certainement les aider. Mais, après différentes épreuves surmontées au long du chemin, les compères, ayant chacun à leur tour comparu devant le Maître des lieux à la physionomie changeante, sont chargés d’une mission préliminaire à leurs souhaits : tuer la terrible et dangereuse Sorcière de l’Ouest qui menace la suprématie de Oz.
Lyman Frank Baum a écrit cette histoire en 1900, à l’intention de ses enfants. Il est clair que le texte a tous les ingrédients du conte enfantin. Il installe également les fondations de la fantasy (j’ai ressenti par moments comme une subtile connexion avec le faiblard « Conte de fées » de King) et du merveilleux qu’exploiteront de nombreux auteurs s’adressant à des publics plus matures. La portée morale du récit est claire et double : faut-il aller au-delà de ce que notre conscience nous interdit de faire (tuer, en l’occurrence) pour mériter une récompense ? ; est-il pertinent de chercher ailleurs les valeurs que nous recelons au plus profond de nous ? Car la folle aventure finira par doter le trio des éléments de vie auxquels ils aspiraient. Ils possédaient déjà ces qualités en eux, il suffisait de parvenir à les extérioriser. Tout comme Dorothy, qui pourra réintégrer son Kansas grâce à un accessoire qu’elle possédait depuis le début.
D’aucuns ont décelé dans cette œuvre éternelle (qui connaîtra pas moins de quatorze suites !) une critique politique et économique de l’Amérique où le bimétallisme bouleversait le monde des échanges et des transactions (la route qui mène à la cité d’Émeraude est pavée de lingots jaunes comme l’or !). La considérer pour ce qu’elle est de prime abord suffit cependant à ce que la magie de la lecture opère.
Cette édition bénéficie d’un emballage doré et d’une couverture épaisse protégeant une reliure collée. La typographie, pour le moins inhabituelle, possède la même caractéristique que les illustrations originales qui parsèment les pages : un parfum suranné du meilleur effet.
Une belle histoire. Un bel objet. L’assurance de la poursuite d’une survivance enchanteresse.
Éric Albert

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