Costes, Éléonore (scénario) et Aria (dessin)
Bande dessinée
Paris : Delcourt, 2024, 144 pages, 19 € (Une case en moins)

🙂 🙂 Proie facile

Selon son père, Lolo est simplement bête, c’est en tous cas ce qu’il lui a dit depuis sa plus tendre enfance. Dénigrée et mise sous pression par cet homme qu’elle adore pourtant, Lolo, arrivée à l’adolescence puis à l’âge adulte, va cumuler les déconvenues et les expériences traumatisantes avec les hommes. Trop naïve, elle constitue une proie facile pour les types sans scrupules, manipulateurs et abuseurs qu’elle croise.  Mais Lolo aime la moto, un sport dont son père et sa mère lui ont enseigné tous les arcanes et dont la pratique l’aide à se maintenir la tête hors de l’eau. Cette passion l’aidera-t-elle à s’affirmer, à relativiser l’importance du regard des hommes sur tout ce qu’elle fait et ce qu’elle est ?

Emprise masculine

Avec « Pauvre Meuf ! », la scénariste Éléonore Costes (réalisatrice/actrice principale de la série « Bouchon », à voir en ligne sur Arte) nous propose une suite/un complément à sa précédente bd (dessinée par Karensac, chez le même éditeur), « La soutenable légèreté de l’être ». Largement autobiographique, le récit suit le parcours, tantôt assez dur, tantôt drôle et touchant, d’une jeune femme ayant d’abord grandi sous une emprise masculine puis s’étant trop souvent conformée à l’avis des hommes qui l’entouraient, quitte à se laisser entièrement dominer par eux, jusqu’à l’abus. On a parfois du mal à y croire, tant on voit arriver le dénouement dramatique des différentes rencontres avec des mecs puant la manipulation à trois cents mètres et l’on se sent pris d’envies de la secouer, la petite Lolo, de lui dire d’ouvrir les yeux, de se secouer et de fuir. Preuve que le récit est assez bien fichu pour nous faire réagir. Soutenu par le dessin de Aria, un trait faussement enfantin et dont les rondeurs contrastent avec la rudesse du propos, l’histoire se révèle parfaitement actuelle dans les thématiques abordées et fait mouche. Elle donne envie d’aligner des baffes aux sales types et d’aller y voir plus loin dans le travail d’Éléonore Costes.
Nicolas Fanuel

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