2041, un bug informatique mondial cause la destruction de toutes les informations et données enregistrées sur les serveurs informatiques du monde entier. Dépourvue de sa mémoire, l’humanité vacille. Entièrement automatisés, les moyens de locomotion et de communication ne servent plus à rien. On fait appel aux plus anciens, ceux qui, dès leur prime enfance, ont dû avoir recours à leur propre mémoire plutôt que de se reposer sur celle des machines, pour tenter de redresser la barre. On ressort des véhicules de plus de 30 ans d’âge, mais bien peu savent encore s’en servir. Au milieu du chaos, un seul homme, Kameron Obb, rescapé du naufrage d’une navette spatiale, a mystérieusement hérité de toute la connaissance humaine. Les quelques puissances mondiales encore vaillantes -états, groupes terroristes ou mafieux- ont envoyé leurs derniers mercenaires à ses trousses. Pour l’appâter, un groupe n’hésite pas à capturer sa fille, Gemma.
Vers les ténèbres ?
La course-poursuite entamée dans le premier tome de « Bug » se prolonge. Le grand nombre d’intervenants, principalement ceux qui sont aux trousses de Obb, envoie l’intrigue sur de multiples terrains. De Venise à la Corse, en passant par Paris ou Marseille, on suit autant les péripéties de Obb que les conséquences d’un bug qui ne fait qu’enfoncer l’humanité dans les ténèbres. Doté d’une intelligence à la mesure des données dont il a hérité malgré lui, Obb déjoue habillement les pièges posés sur sa route. Par contre, la mystérieuse tache bleue qui a pris naissance sur son visage s’étend dangereusement sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit, quasi au même rythme que la tout aussi mystérieuse nappe bleue qui semble vouloir prendre possession de la Lune. Les deux phénomènes seraient-ils liés ?
Du Bilal, du bleu
Où l’on retrouve un Bilal en grande forme, se servant d’une intrigue sci-fi pour illustrer les travers de notre société et le cataclysme auquel ils pourraient nous mener. Quelle ironie : en cas de bug tel qu’il l’imagine, ce sont les pays actuellement qualifiés de « sous-développés » qui s’en tireraient le mieux, vu leur dépendance limitée aux nouvelles technologies. Les conséquences qu’il imagine et met brillamment en scène rejoignent logiquement les travers de départ : certains ne voient que le profit à dégager de la capture de Obb ; certains, plus rares, sont guidés par une obscure raison d’état, d’autres encore, plus nombreux, se complaisent dans les derniers luxes que leur ancien monde leur a laissé, pour quelques temps encore. Pas de doute, on est dans du Bilal pur jus, celui de la décadence d’empires autrefois flamboyants, des derniers soubresauts de ceux qui les représentent, celui de la couleur bleue salvatrice, de la technologie sur-évaluée et surtout, celui qui pointe les quêtes qui en valent la peine, comme celle de retrouver sa fille saine et sauve.