Del Arbol, Victor; traduit de l’espagnol par Alexandra CARRASCO
Policier & Thriller
Arlesc: Actes Sud, 2025, 352 pages, 23.50 €

🙁 Qui trop embrasse...

Ce n’est qu’en 2005 que Julian Leal s’est décidé. Retourner à Ferrol, ce village de la côte Galicienne où il avait vécu une bonne partie de son enfance, jusqu’au traumatisme de 1975. Il voulait revoir les ruines de la maison de ses parents, et leurs tombes. Finalement, ce fût un retour aux sources plutôt pénible et qui allait déclencher d’autres événements tout aussi pénibles.
Leal est flic à Barcelone, un bon flic de terrain, soucieux de rendre justice et de venir en aide. Pas une ombre à son dossier en plus de vingt ans de carrière. Mais là, s’il a le temps de visiter Ferrol, c’est parce qu’il a été mis à pied pour avoir tabassé un certain Restrepo. Atteint d’un cancer, Leal refuse de livrer à ses confrères les raisons de ce tabassage.

Intrigues pléthoriques et confuses

Victor Del Arbol n’en est pas à son premier roman traduit en français chez Actes Sud. On peut dire qu’il a assis sa réputation d’auteur de polars espagnols bien ancrés dans leur contexte (la Guerre Civile est quasi omniprésente) avec des titres comme « La maison des chagrins » ou « Toutes les larmes de l’océan ». Si l’intrigue de « Personne sur cette terre » nous a accroché dès son entame par les questionnements qu’elle induits (pourquoi Leal revient-il à Ferrol ? Qu’est-il arrivé à ses parents ? Pourquoi les autres habitants lui battent-ils froid ?), elle s’est vite embourbée avec l’entrée en scène d’un grand nombre de personnages aux motivations restant trop longtemps impénétrables. Les couches de mystères s’accumulèrent donc, et les thèmes abordés aussi : addictions, maladies, femmes battues, dépressions, trafics de drogue, adultère, handicap, tueur à gages et bien sûr, pédophilie. Qui trop embrasse mal étreint : si on a pu s’attacher à l’évolution de l’un ou l’autre personnage, on a vite perdu tout intérêt pour la plupart d’entre eux, tant ils peinaient à s’extraire de ressorts fatigués noués au fil d’intrigues pléthoriques et confuses. Le style de Del Arbol nous a également surpris (et ce n’est pas le premier titre que nous lisons de lui) par son manque de cohérence : l’auteur alternant les passages lisses à l’extrême, trop longs et lourds, avec de soudaines pointes d’une crudité surprenante. Un jalon de son œuvre que l’on peut vite oublier.
Nicolas Fanuel

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Fill out this field
Fill out this field
Veuillez saisir une adresse de messagerie valide.
You need to agree with the terms to proceed