Myers, Benjamin ; traduit de l’anglais par Isabelle Maillet
Policier & Thriller
Paris : Points, 2019, 405 pages, 7.90 €
🙂 Nature writing et violence dans la lande anglaise
Dans les Yorkshire Dales, nord de l’Angleterre. Melanie Muncy, 15 ans, disparaît dans la lande alors qu’elle promenait son chien. En cette veille de Noël, la neige rend le terrain accidenté encore plus dangereux. Et le froid est cinglant. Ray Muncy, le père, possède la plus grande propriété de la région, mais n’est guère apprécié.
Deux hommes sont sur le coup, deux professionnels, s’entend. James Brindle, policier au comportement étrange, obsessionnel, qui pressent la fugue amoureuse alors que son job est de résoudre des crimes. Et Roddy Mace, journaliste déchu que la perspective de parcourir la lande n’enchante guère plus.
Les soupçons se portent avant même leur arrivée sur Steve Rutter, un fermier du coin qui vit reclus, dans des conditions d’hygiène déplorables. Il parcourt souvent la lande armé, poursuivant cervidés et autres proies faciles…
Roman noir sélectionné par Points
Benjamin Myers, pour son premier roman traduit en français, a été sélectionné par l’éditeur dans la course au Prix du Meilleur Polar. Verdict des lecteurs dans quelques temps.Son œuvre en langue originale est riche d’essais, romans, poésies, nouvelles.
Choix stylistique étonnant, l’auteur est définitivement fâché avec les virgules. Et les tirets réservés aux dialogues. Est-ce que cela rend sa prose plus nerveuse, fluide, prenante ? Non, on n’a pas eu ce sentiment à la lecture. Juste un côté déroutant, une gymnastique du cerveau supplémentaire. Pas de réelle plus-value.
Choix scénaristique de taille mais pas inédit : le lecteur connaît d’emblée le coupable, puisque le meurtre lui est décrit. Sa genèse, aussi : des flash-backs font montre d’une enfance maltraitée, et d’un mystérieux commanditaire.
Et en attendant, aucune trace de la jeune Melanie.
Polar violent sans originalité
La lande, une jeune fille disparue, le marginal du coin soupçonné, deux professionnels qui doivent s’allier malgré leur réticence. Mais aussi les parvenus et les miséreux, la violence que génère la fracture sociale, la manipulation et le ressentiment. Bref, des ingrédients connus, concoctés une nouvelle fois ici, dans le paysage reculé des Dales.
Le cadre de « Dégradation » est celui de vie de l’auteur, qui rend bien par son écriture force et beauté de la Nature. Son âpreté trouve écho dans la nature humaine, guère reluisante.
Benjamin Myers brasse pas mal de ficelles du genre, mais offre un duo d’enquêteurs qui fonctionne. Notez que le détective James Brindle fera vraisemblablement l’objet d’une série. Les amateurs de crimes violents, et de nature writing (à l’anglaise ici) auront encore l’occasion de décider s’ils apprécient Benjamin Myers. Pour notre part, c’était sans plus.