An de grâce 575. La reine de Neustrie, Brunehilde, se retrouve isolée suite à l’assassinat par traîtrise de son époux le roi Sigebert. Abandonnée de tous, la jeune reine de 25 ans trouve un appui en la personne d’Arsenius Pontius. Le jeune Gallo-Romain, filleul de l’évêque de Tours, avait autrefois été mandaté par la reine pour enquêter sur le tragique assassinat de sa sœur.
Cette fois le jeune homme propose à la reine de sauver ses enfants, dont le jeune héritier du trône de Neustrie, un garçonnet de 5 ans. Car le commanditaire des deux assassinats n’est autre que Chilpéric, frère de Sigebert, et roi d’Eustrasie. Poussé par son épouse l’ambitieuse Frédégonde, Chilpéric rêve d’assoir son autorité sur les trois royaumes francs hérités de Clovis.
Le jeune héritier de Sigebert mis hors d’atteinte des griffes de Chilpéric, Arsenius se voit confier par son parrain l’épineuse disparition d’un moine, Carolus. Une affaire délicate, qui pourrait coûter l’autorité de l’évêque Grégoire.
Le Gallo-Romain peut compter sur l’aide de Wintrude, sa compagne. Cette ancienne princesse thuringienne, enlevée dans sa plus tendre enfance par les Francs pour devenir esclave, est sur le point de devenir une femme libre lors d’une cérémonie chapeautée par le couple royal Chilpéric – Frédégonde.
Policier historique avec la descendance de Clovis
Ce résumé vous a déjà perdu ? Rassurez-vous, la suite des Francs Royaumes.1 : Par deux fois tu mourras se lit tout à fait séparément, même si les personnages, historiques, poursuivent leurs stratagèmes. Par ailleurs, le livre s’ouvre sur un rappel des différents personnages, listés par royaume. Même s’il semble fort documenté, Eric Fouassier est didactique sans être professoral ni perdre le fil de son intrigue. Des notes de bas de page précisent certains points, et les dialogues sont à peine émaillés de quelques tournures anciennes.
A vrai dire, « La fureur de Frédégonde » devient vite addictif, moyennant une concentration accrue en début de lecture, afin de cerner les différentes intrigues parallèles. Une fois le lecteur immergé dans l’univers des Francs, l’enquête d’Arsenius se déroule très plaisamment. Eric Fouassier a eu du flair en jetant son dévolu sur le Haut Moyen Age, une époque passionnante, qui n’a rien à envier au Seigneur des anneaux ou Game of thrones, orques et dragons en moins.
Personnage féministe avant l’heure
Brunehilde et Frédégonde tissent aisément les mailles des filets autour des hommes qu’elles manipulent grâce à leur beauté et certaines prouesses conjugales.
Mais Wintrude relève d’un autre courant, plus proche du féminisme que de la quête de pouvoir. Dans un passage du livre, Wintrude assiste au châtiment d’une femme coupable d’adultère – une mort certaine, tandis que son amant doit seulement s’acquitter d’une amende. « Était-cela la justice ? Pouvait-elle vivre dans un monde où de telles inégalités étaient monnaie courante et ne choquaient apparemment personne ? (…) ne devait-elle pas tout mettre en œuvre, au contraire, pour être en mesure un jour d’imposer sa propre vision du monde plus équitable ? »
La jeune femme n’est pas sans rappeler l’aventureuse Svanhild, de la Saga des Vikings (Linnea Harsuyker). Perturbée par la révélation des circonstances de son enlèvement, Wintrude vit un véritable dilemme : si elle rêve de chevaucher jusqu’à la terre de ses ancêtres, elle reste prisonnière d’un peuple qui n’est pas le sien, et dont elle refuse de vêtir les atours, à cause de son amour pour Arsenius. Ils sont pourtant si différents !
Une très belle découverte, pour notre part, et l’envie de suivre ultérieurement de nouvelles enquêtes d’Arsenius et de Wintrude.