Lapena, Shari ; traduit de l’anglais par Céline Cruickshanks
Policier & Thriller
Paris : Presses de la Cité, 2020, 320 pages, 19.90 € (Sang d’encre)
🙂 🙂 Douze petits nègres
Vendredi soir. 12 personnes s’apprêtent à passer un week-end hors du temps au Mitchell’s Inn, un hôtel au charme désuet. Imaginez un lieu sans connexion Internet, où il fait bon lire au coin du feu, à deux encablures de New York. Les clients de l’hôtel arrivent seuls ou en couple. Il y a Matthew, héritier d’une grosse fortune, et sa fiancée Dana, à la beauté époustouflante. Ian et Lauren, un jeune couple. Henry et Berverly, la cinquantaine. Beverly est bien décidée à reconquérir son mari dans ce cadre enchanteur. Gwen et Riley sont amies. Gwen a amené Riley en ces lieux car la jeune journaliste souffre d’un syndrome post-traumatique après un séjour en Afghanistan. David est avocat pénaliste, soupçonné autrefois d’avoir tué sa femme. Candice est auteure de romans et recherche l’isolement pour pouvoir se concentrer sur son prochain livre. James est le propriétaire de l’hôtel, et officie seul avec son fils Bradley en l’absence d’autres membres du personnel.
C’est qu’une tempête a rendu les routes impraticables, et isole l’établissement du reste du monde.
Le samedi matin, le corps de Dana est retrouvé sans vie au pied de l’escalier. Une chute ? David, accoutumé des affaires criminelles, en doute, vu l’état du cadavre et la trace de sang sur la première marche. Il intime à chacun de ne pas toucher au corps avant l’arrivée de la police. Mais l’hôtel est sans électricité suite à la tempête. Impossible d’appeler les secours.
Plus tard dans la journée, le corps de Candice est retrouvé étranglé dans sa chambre. Y a-t-il un lien entre les deux meurtres ? Un assassin rôde-t-il dans l’hôtel, ou se trouve-t-il déjà parmi eux ?
Policier à la Whodunit
Des hôtes qui ne se connaissent pas mais qui se retrouvent coincés dans un huis clos, assassiné l’un après l’autre. Ca vous rappelle un roman d’Agatha Christie ? La célèbre romancière anglaise est en effet citée par deux fois, en un hommage assumé. Et aussi pour en finir directement avec ce sentiment de déjà-vu. On n’est pas loin en effet de l’intrigue des « 10 petits nègres », du moins dans un premier temps. Nous avons donc affaire à une intrigue classique, à la whodunit (« qui l’a fait ? »), avec un avocat pénaliste pour enquêteur non officiel.
Les circonstances amenant à cet isolement forcé sont plausibles, et les personnages suffisamment bien campés pour être parfaitement identifiables par le lecteur. Les sentiments de chacun, les suspicions et confessions sont bien amenés. Pas de doute, on tient là un beau panel de passés sombres et de criminels potentiels. Shari Lapena nous conte à quel point on ne connaît jamais vraiment les gens, et que c’est dans la peur et l’incertitude que se montent les scénarios les plus douteux. Jusqu’à friser le lynchage populaire.
Un roman addictif, qui se dévore même. L’auteure ne se perd pas dans des détails inutiles. Un seul, pourtant, nous a mis sur la voie d’une partie du dénouement. Rien de bien catastrophique, mais de quoi s’en tenir à 2 smileys.