Redondo, Dolores ; traduit de l’espagnol par Anne Plantagenet
Policier & Thriller
Paris : Gallimard, 2021, 682 pages, 20 € (Série noire)
🙂 🙂 🙂 À bout portant
Alors qu’elle suit une formation de profileuse au sein du FBI, Amaia Salazar est engagée par l’éminent agent Dupree afin d’aider son équipe à mettre la main sur un tueur en série qui profite de grandes catastrophes naturelles pour frapper.
Un monde d’hommes
Considérée un brin insolente par ses supérieurs dans ce monde où le machisme est de rigueur, Amaia Salazar n’en est pas moins brillante et intelligente. Femme mystérieuse, Son calme apparent et délicat n’était que le beau pelage d’un prédateur hostile P.163, elle fait évoluer l’enquête grâce à son intuition hors pair mais également par la connaissance importante des traditions de son village d’origine dont on sent fortement l’empreinte et qui l’aidera à mieux comprendre les rouages de cette enquête aux allures de course contre la montre pour attraper celui qu’ils ont baptisé le Compositeur et qui n’en est pas à son coup d’essai, frappant et frappant encore pour s’entraîner à ce qui sera son requiem final.
Double enquête sur fond d’ouragan
Une enquête délicate où un homme sévit sur des familles entières, profitant du déluge occasionné par l’ouragan Katrina décrit avec une extrême justesse et plongeant le lecteur dans les abîmes provoqués par cette catastrophe où règnent la destruction, les hurlements, les pleurs, la puanteur et pas seulement celle de la mort.
La pluie s’était intensifiée au cours de la dernière heure, déferlant par vagues de plus en plus puissantes qui s’abattaient contre les vitres avec le même crépitement que du gravier. Un vent d’une extrême violence soufflait. Au loin, on entendait les coups de tonnerre comme un écho monotone, et les éclairs illuminaient un horizon limité par de très nombreux nuages. P. 251
Dans l’Industrial Canal, c’était encore pire. Le témoignage des garde-côtes parlait d’au moins cinq rangées entières de maisons emportées par l’eau. P.378
Et comme si ça ne suffisait pas, les protagonistes sont entraînés dans une seconde enquête, pas du tout officielle, celle-là. Elle nous emmène dans une autre partie de la Nouvelle-Orléans, celle des vaudous, des croyances et des traditions ancestrales. Passionnant et ensorcelant, le voyage se veut alambiqué par le contexte et par les découvertes moribondes de nos téméraires enquêteurs.
La croyance fait partie de nos racines culturelles, et nous devons accepter qu’il puisse se produire des actes en relation avec elle. P.483
Nombreux liens avec le passé
Amaia et Dupree ont tous deux, maille à partir avec leur passé, douloureux, taiseux mais pesant et tellement présent au point de les marquer au plus profond de leur âme et de leur corps. De nombreux flash-back prédominent d’ailleurs le récit, pour l’une, dans la vallée du Baztan et pour l’autre, en Nouvelle-Orléans.
Méticulosité
Du début jusqu’à la fin, on a affaire à des descriptions extrêmement précises des faits, des lieux, des traditions, des crimes, de la victimologie et du fonctionnement des tueurs en série.
Voilà donc une double enquête pleine de rebondissements, emmenant le lecteur dans les profondeurs de l’âme humaine, là où les blessures sont les plus profondes, là où elles touchent en plein cœur et laissent des traces indélébiles.