Dans les profondeurs des Enfers, Méphistophélès dirige son royaume d’une main d’artiste. Du bout de sa baguette, il conduit la musique dantesque qui inonde les tréfonds de ses domaines, menant et tourmentant les âmes damnées. Néanmoins, le Diable vieillit et sa relève, son jeune fils Mimiphisto, ne s’avère pas suffisamment compétent pour diriger son futur royaume. Désemparé suite à ses échecs pour satisfaire son vieux père, le diablotin s’enfuit dans les profondeurs oubliées des Enfers. Il sortira de ce voyage initiatique avec plus de clairvoyance sur son avenir…
L’émancipation d’un prince
Dans ce conte enfantin, Pierre-Henry Laporterie offre un monde des damnés à la fois effrayant et accueillant. Les âmes vouées à cet enfer éternel se tordent de douleur dans des dessins distordus dominés par des teintes sombres, particulièrement lorsque la musique abyssale du maître des lieux résonne dans l’atmosphère. D’un autre côté, le jeune Mimiphisto se meut quelques-fois dans un monde plus accueillant, enfantin, candide. Cet univers s’avère des plus intéressants et possède une beauté stylistique non négligeable.
Le scénario propose, quant à lui, une réflexion sur la prédétermination. Mimiphisto, jeune prince des Enfers et, par ce fait, héritier d’un royaume éternel, porterait-il sur ses épaules cette obligation, inhérente à son rang, de diriger la conduite des Enfers ? Grâce à ses pérégrinations dans les profondeurs de ce monde dantesque, le diablotin découvre peu à peu une nouvelle voie, un monde qui diffère de ce que ses percepteurs lui ont enseigné. Au fil de cette épopée, la mentalité de cette jeune âme se développe. Cette histoire se conte pour de jeunes lecteurs et il demeure regrettable que certains passages ne se développent pas plus en détails : l’épisode de l’apprentissage de Mimiphisto auprès d’un esprit malicieux aurait pu, par exemple, apporter des enseignements intéressants avec un approfondissement de l’histoire.
En conclusion, cette bande dessinée démontre un certain charme, tant du point de vue esthétique que par son histoire qui ne manque pas d’un certain magnétisme.