La femme secrète

Louise Andersen vit des jours heureux et paisibles sur une petite île danoise. La quarantaine, elle tient le café du coin, qui accueille insulaires et touristes. Son compagnon depuis 2 ans et demi, Joachim, est un écrivain de 10 ans son aîné. Cette quiétude est interrompue par l’arrivée d’un homme, Edmund Söderberg, qui prétend que Louise s’appelle en réalité Helene, sa femme.

Après vérifications, les faits semblent en effet concorder. Louise a subi un traumatisme cranien trois ans auparavant, lors de son arrivée sur l’île. Louise doit se rendre à l’évidence et partir vers son ancienne vie, mue par la culpabilité d’avoir manqué pendant tout ce temps à deux enfants.

Se séparer de Joachim est cruel, et sa nouvelle – ou plutôt son ancienne – vie n’est pas simple : Helene, toujours amnésique, est l’unique héritière de Södeberg Shipping, un empire bâti par son père, décédé. Edmund gère avec elle la société, à laquelle il souhaite la réintégrer au plus vite. Helene est perturbée par tant de nouveautés, par l’image de puissance et de froideur qu’elle semblait presenter avant. Cela lui ressemble si peu! Mais surtout, un bribe de souvenirs lui fait penser qu’elle s’est enfuie…abandonnant ses enfants. Pourquoi? Enfermée dans une cage dorée, Helene va tenter de connaître la vérité, à ses risques et perils.

Parallèlement, Joachim ne peut se résoudre à la perte de la femme qu’il aime, et part à la recherche de la vraie Louise Andersen…Que lui est-il arrivé ?

“La femme secrète” est un premier roman qui récolte pas mal de succès. Le livre débute comme un thriller féminin de plage : une femme vivant une vie modeste se retrouve propulsée héritière d’une fortune, cavaliere émérite, et tiraillée entre deux hommes amoureux, dont le riche qui présente une plastique intéressante (l’auteure insiste sur ce “beau mari”). Nous avouons avoir pris peur devant cette intrigue à la Dallas. Anna Ekberg s’est même crue obligée d’intégrer avec chacun une scène de sexe croustillante. Soit.

La suite est toute autre. Car, chers lecteurs, nous sommes bien dans un polar scandinave. Avec toute la noirceur et le glauque que l’on est en droit d’y attendre. Le passé y est pour quelque chose; en dire plus serait cruel. La thématique des personnes disparues correspond à une réalité en Scandinavie, beaucoup de personnes disparaissant volontairement pour changer d’identité.

Le déséquilibre entre ces deux “ambiances” est progressif mais surprend. Désarçonne. Helene et Joachim vont vivre, séparément, des situations difficiles, dangereuses, dignes d’un thriller à la Jean-Christophe Grangé…Tiens, on en revient au livre de plage. Un premier roman qui aura son succès en tant que page-turner de poche. Pour notre part, nous avons cependant toujours conservé une distance critique, peu convaincus par l’intrigue tarabiscotée, aux multiples rebondissements.

Barbara Mazuin