Chaque sortie d’un nouveau Thorgal est un événement. Bien plus que ses spin-off aux dess(e)ins purement commerciaux, la série mère des aventures du valeureux fils des étoiles agit comme une madeleine de Proust pour les admirateurs de l’œuvre.
Mais, le retrait de Jean Van Hamme, père spirituel du personnage, après le 29° volume et la reprise de Yves Sente qui, ma foi, s’engageait dans des méandres prometteurs laissaient présager une perte de l’adn de la série. Le « Feu écarlate » de Dorison aura été la dernière étincelle, sans jeu de mots.
Faible scénario, grosse déception
Car ce nouvel opus, scénarisé par Yann (déjà responsable des spin-off Louve et La jeunesse), se révèle compter parmi les plus faibles épisodes de la saga.
Peu d’empathie, pas de réel suspens, des facilités narratives, un rien de niaiserie, le cocktail est presqu’imbuvable, à tel point qu’on peut se demander ce que Rosinski est venu faire dans cette voie de garage. Il passera la main, atteint par l’âge et la maladie. Il y a fort à parier qu’il perdra par la même occasion pas mal des lecteurs fidèles de Thorgal.
Thorgal a donc récupéré Aniel, le fils qu’il a eu avec Kriss de Valnor. Mais Aniel est habité par deux entités maléfiques qu’il convient d’éradiquer. Heureusement que le royaume providentiel de Zhar (déjà utilisé dans « Le mal bleu ») se dresse sur la route hasardeuse de l’aventurier. Après y avoir – trop facilement – triomphé de dangers humains et végétaux, Thorgal pourra compter sur un vieillard roué dans la production de philtres magiques. Le retour en pays viking s’apparente ensuite à une croisière de luxe (quoi, pas de Dieux revanchards, pas de tempête dévastatrice, rien qu’une mer calme et bienveillante?) et les retrouvailles avec Aaricia sont évacuées en quelques cases. Pas d’émotion là-dedans, juste un pauvre constat de platitude que le retournement final ne peut totalement sauver (il augure cependant une relance de la série).
« Aniel » est donc une grosse déception. Je pense personnellement stopper là ma collection de Thorgal. Quitter le drakkar avant qu’il ne sombre totalement.