Paris : Delcourt, 2020, 87 pages, 18.95 € (Collection Machination)
🙂 🙂 Balade en forêt
Durant son sommeil, Louis fait toujours le même cauchemar : enfermé dans une cellule avec quatre ou cinq patibulaires, il leur met la pâtée à tous mais une violente douleur au cœur finit toujours par l’abattre. À son réveil, après un café serré, il prend invariablement la route d’une usine dont il semble être au minimum un des cadres supérieurs. Grosse bagnole, costume ajusté, bureau lumineux et vaste : ça ne trompe pas. Ce jour-là, il tenta encore de renouer le contact avec Camille, mais celle-ci ne daigna pas décrocher son téléphone. Alors, pour évacuer son stress sans doute, il décida d’aller courir en forêt.
Intentions meurtrières
Question d’évacuer son stress, ce fut râpé. Au bout de quelques centaines de mètres, Louis ne put que constater qu’un motard lui en voulait : effectuant d’abord des cercles autour de lui, l’effleurant à vive allure, le furieux casqué en vint rapidement à foncer tout droit sur Louis, ne lui laissant plus aucun doute sur ses intentions meurtrières. Isolé dans une forêt immense et fort peu pourvue en réseau téléphonique, Louis ne peut que fuir et tenter de se planquer.
Comme au cinéma
Récit hyper-rapide, nerveux et développant un dynamisme peu fréquent en bande dessinée, « Effet miroir »repose sur un scénario basique, qu’une mise en scène cinématographique fébrile arrive à rendre captivant. Les auteurs ne s’encombrent pas de développer outre mesure la psychologie de leurs personnages, au demeurant fort peu nombreux, ni de saturer leurs planches de dialogues ou d’onomatopées inutiles : le dessin et les couleurs superbes se suffisent quasi à eux-mêmes (certaines planches sont dépourvues de dialogues) et insufflent une tension telle qu’on ne peut s’empêcher de tourner les pages pour voir si, comment et pourquoi Louis va se faire manger tout cru par l’affreux motard. Entre « Hitcher » et le « Duel » de Spielberg, une bd parfaitement recommandable.