Paris : Robert Laffont, 2020, 441 pages, 19.90 € (La bête noire)
🙂 🙂 La tactique du gendarme
Dominique Tassi est hanté par la mort de sa petite fille, dont il est responsable. Gendarme en Ardèche, il a sombré dans l’alcoolisme. Sa femme le quitte, emmenant leur fils loin de ce père irresponsable. Tassi tient bon pour l’amour de son fils, sinon c’est sûr qu’il se foutrait en l’air.
Deux ans après son départ à la retraite, Tassi vit en ermite, n’ayant gardé aucun contact datant de sa vie professionnelle. Mais une affaire relayée à la télévision va le faire sortir de sa tanière : le corps d’une jeune femme est retrouvé enterré. Elle a été violée, torturée et assassinée. Certains détails rappellent à Tassi un de ses anciens dossiers, qui le hante encore. A-t-il fait emprisonner un innocent ?
Acculé, Tassi s’adresse à Nathan Rey, un auteur spécialisé dans les tueurs en série.
Second roman après « L’empathie »
Antoine Renand, notamment scénariste, a connu d’emblée le succès avec son premier roman« L’empathie ».Succès populaire autant que critique : le livre a reçu le prix Gouttes de sang d’encre et a fait l’objet d’un certain battage médiatique. C’est dire si on l’attendait au tournant.
L’auteur a surmonté haut la main la pression exercée sur lui avec une intrigue d’emblée addictive, servie par une écriture sobre et efficace. La plume du scénariste y est sans doute pour quelque chose. Antoine Renand a le sens de la narration et de la temporalité : il nous livre un récit étalé sur plusieurs années, et comble aisément les ellipses temporelles.
Dominique Tassi est un personnage pour lequel on se prend … d’empathie, malgré ses erreurs lourdes de conséquences.
« Fermer les yeux » est une intrigue aux abords classiques (une énième histoire de tueur en série, un flic hanté par un lourd passé et par un cold case) mais dont le traitement tout au long et au final fait penser que Renand a réussi à confirmer le talent qu’on lui soupçonnait. De la belle ouvrage, dans la collection « La bête noire ».