Simensen, Ellen G. ; traduit du norvégien par Hélène Hervieu
Policier & Thriller
Paris : Gallmeister, 2022, 544 pages, 25.25 €
🙁 Accident chez Gallmeister
Une petite ville de Norvège. Un flic, Lars Lukassen, divorcé et père d’une gamine d’une dizaine d’années. Des relations tendues avec son ex-femme et avec un de ses collègues policiers qui espérait monter en grade avant lui. Le cadavre d’un de ses anciens camarades d’école retrouvé dans la neige. Des enfants se plaignant d’avoir été abordés par un mystérieux personnage leur chuchotant des histoires effrayantes à l’oreille. Et l’arrivée d’une nouvelle jeune enseignante, sous le charme de laquelle Lars tombera quasi instantanément. Telles sont les éléments de départ de ce premier roman d’une autrice norvégienne publié par les éditions Gallmeister.
Réactions et décisions incohérentes
L’élément déclencheur, celui qui donne son titre si énigmatique au roman, réside dans le caractère mystérieux, pour ne pas dire fuyant, de Johanna, la nouvelle enseignante. Menteuse patentée -mais sans doute pour des raisons honorables, Lars n’en doute pas- Johanna répond en se contredisant aux questions simples sur son passé, quand elle n’élude pas, sous des prétextes des plus légers et qu’exaspéreraient n’importe quel autre prétendant. Avec Johanna, là ou d’autres renonceraient, Lars-la-fleur-bleue va s’accrocher et accumuler les réactions et décisions incohérentes, refusant d’assimiler la conduite type « un pas en avant, trois pas en arrière » de la jeune femme.
Intrigue diluée
La non-progression des tentatives de Lars pour se rapprocher de Johanna va de pair avec le piétinement caractérisé de son enquête sur la mort de son ex-camarade de classe. Rien n’avance, et lorsqu’un deuxième cadavre est découvert, ouvrant la voie à une deuxième enquête, les voies empruntées par l’intrigue gagneront en nébulosité et généreront de l’incompréhension et même un agacement certain chez le lecteur. Personnages stéréotypés (l’ex-femme tyrannique et envahissante, la gamine torturée par le divorce de ses parents, le collègue bourru) ou inconsistants (le chef de la police éthéré, la galaxie des anciennes relations de Johanna difficilement identifiables), intrigue diluée, dénuée de suspense, parfois absconse (les récits du chuchoteur) et générant une fin tirée par les cheveux qui aurait pu être amenée au bout de 300 pages (au lieu de presque 500), « La vertu du mensonge », derrière sa « langue imagée, parsemée de descriptions poétiques de la nature » (dixit le 4ème de couverture) fait selon nous figure d’accident dans le catalogue pointu de Gallmeister. Oublions.