Bruno Hamel, un chirurgien sans histoire, se réjouit que la vie ne lui ai fait subir aucune réelle épreuve. Entouré de sa compagne Sylvie et de leur petite fille Jasmine, 7 ans, il se considère comme un homme heureux. Jusqu’à ce que Jasmine ne rentre pas de l’école…et soit retrouvée violée et assassinée dans un buisson. Bruno Hamel est dévasté mais incapable de verser une larme. Le couple battait de l’aile (tout n’allait pas si bien, donc) et Hamel se fait de plus en plus distant. Envahi par la haine, déçu par la justice, le chirurgien enlève à visage découvert le « monstre » le jour de sa comparution devant le juge. Il annonce qu’il le détiendra durant 7 jours, avant de l’exécuter. Le sergent -détective Mercure tente tout pour retrouver le prisonnier avant qu’il ne soit trop tard..
Désir de vengeance aveugle
Qu’un homme guidé par le serment d’Hippocrate se mue en bourreau face à l’assassin de sa fille, soit. Nul ne sait comment il réagirait face à un tel drame, inconcevable. Chacun des protagonistes évoque le vieux débat sur la peine de mort. Que Bruno Hamel, plutôt contre à la base, remanie à sa sauce : il va octroyer au meurtrier de son enfant ce qu’il estime être une souffrance équivalente. Il n’hésite pas, pour ce faire, à exercer son art sur un corps dont il refuse de connaître le nom et l’histoire. Impossible pour lui d’humaniser un tel individu.
Intrigue truffée d’invraisemblances
Mais d’emblée, les maladresses narratives sautent aux yeux. L’auteur présente très vite la situation : un père comblé qui se dit très chanceux. Et qui attend sa fillette adorée de 7 ans en travaillant dans son jardin…Notons que le roman est paru pour la première fois au Québec en 2002. Lorsqu’il accompagne les policiers à l’école, il observe l’un d’eux qui marche dans le champ d’à côté et tombe sur le corps de la fillette. Les faits se sont donc déroulés dès la sortie de l’école, avec les allées et venues que cela suppose, à vue de l’établissement. L’auteur joue sur les émotions (du lecteur) en décrivant Hamel se précipitant sur le corps de sa fille, au mépris des empreintes que pourrait offrir une scène de crime. Le policier présent devait être un bleu.
Drame psychologique basé sur l’horreur
La question du bienfondé de l’action de Hamel, père de la victime devenant bourreau (voire assassin) face à un violeur d’enfant devenant sa victime est intéressante. Elle taraude l’opinion publique, les policiers. Le lecteur est poussé à s’interroger. Comment réagir à un tel drame ? Quelle peine de prison pour un père revanchard ? Ce qui intéresse Senécal, c’est le drame psychologique provoqué par un homme incapable de faire face à son désespoir, et qui y apporte une réponse personnelle, qu’il ne considère pourtant pas comme une solution. Et se perd dans son délire enténébré, en proie aux doutes. Il construit son intrigue en alternant l’enquête menée par un Mercure lui-même touché par la perte de sa femme, assassinée, et les gestes d’horreur posés par le chirurgien. A travers les pensées de Hamel et de Mercure, Senécal tente de nous faire réfléchir sur ce qu’est la vengeance, et la justice.
« Les 7 jours du Talion » a été adapté au Québec par PodZ en 2010.