LaValle, Victor ; roman traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Stéphane Vanderhaeghe
Fantastique
Arles : Actes sud, 2024, 374 pages, 23.50€
🙂 🙂 L’Exil d’une jeune femme noire
1915, Adélaïde Henry quitte précipitamment la Californie et la ferme familiale où elle a grandi avec une malle contenant tout ce qui lui reste… Son souhait ? Rejoindre Big Sandy, dans le Montana à la suite du vote du ‘Homestead Acts’ donnant l’opportunité de favoriser l’accès à la propriété en Amérique.
Une jeune femme seule…
Se remémorant les nombreux moments en famille autour des lectures telles que « Le Chien des Baskerville » ou encore « Ascension d’un esclave émancipé ».
Fuyant vers d’autres horizons avec une malle pleine à craquer, lourde de secrets.
Mais quels secrets ??? Qu’ont bien pu cacher les Henry durant toute leur vie ???
Drôles de gens. C’est ce qu’on disait des Henry. P. 66
Ambitionnant elle aussi une vie meilleure, comme tous ceux qui, comme elle, ont tout quitté.
A voir l’étendue de leur réussite, elle se mit à espérer qu’elle puisse aussi prospérer. P. 103
Se méfiant dans un monde de blancs favorisés, a contrario « des étrangères », auquel elle n’appartient pas ; mais désinvolte aussi, et sûre d’elle. Quoique ….
Les secrets, une fois révélés, n’en sont plus, peu importe que vous essayiez de les mettre sous clé. P. 122
Un peu d’Histoire…
Avec une loi, le Homestead Act, signée par Abraham Lincoln en 1862, celle de l’accès à la propriété.
C’est ça, le rêve d’Adélaïde et sa quête du bonheur se déroule en 1915.
Si tu veux voler, faut laisser tomber toute la merde qui t’alourdit /Tony Morisson (Le chant de Salomon)
Des personnages…
Etranges tels les Mudge, cette famille atypique, visiblement peu recommandable mais qui sont-ils ? Et, où se cachent-ils ? Pourquoi ont-ils laissé toutes leurs affaires pour fuir ? Fuir quoi ou qui ?
Des femmes, fortes, méfiantes dans un monde rude, emplis de voleurs de bétail, de bandits, d’assassins, de vengeance, de violence, de meurtres camouflés, …
D’une femme, à la détermination féroce de permettre à d’autres de développer leur entreprise et leur cheminement vers la liberté, en se battant pour y arriver, en rappelant des bouts d’Histoire telles celle de Rocky Boy et de son peuple.
De cette femme, en condamnant d’autres pour leur différence.
Je crois savoir que Madame Henry, en revanche, a choisi le chemin contraire. Tout comme ces femmes, qui ont-elles aussi choisi la damnation, on dirait. P. 339
Enfin…
Un roman en trois parties où le lecteur passe d’une scène à l’autre en fonction des personnages suivis. Des chapitres courts, une écriture fluide, des descriptions précises : des protagonistes dignes d’un cabinet de curiosité, des secrets, d’inimitiés, de solitude et de rudesse.
Une touche de fantastique. C’est arrivé sur le pas de notre porte le même jour, et à la minute même où …. P. 125
Un vaste intérêt de l’auteur pour ces femmes et l’accès à la propriété tout en utilisant la ville de Big Sandy.
Un roman empreint de passages de poésie, de références littéraires mais aussi de suspense et surtout d’Amitiéentre ces femmes qui se « trouvent » pour tenter de gagner le Combat pour la Liberté.